L'ouvrage:
Mathilde est victime de harcèlement moral de la part de la personne au-dessus d'elle hiérarchiquement.
Aujourd'hui, le 20 mai, tout va peut-être changer, quelque chose va peut-être arriver... une voyante le lui a dit. Elle sait bien qu'il ne faut pas prendre cela au pied de la lettre, mais elle espère, car elle est épuisée nerveusement.
Thibaut est médecin urgentiste. Il est amoureux de Lila. Elle ne l'aime pas. Elle est contente de faire l'amour avec lui, mais c'est tout.
Aujourd'hui, le 20 mai, il doit prendre son courage à deux mains, et lui dire que c'est fini. Il ne peut pas continuer ainsi!
Critique:
Le principe du roman est intéressant: nous suivons Mathilde et Thibaut, deux inconnus l'un pour l'autre, deux personnes malmenées par la vie qui tentent de s'en sortir. Les deux personnages sont attachants, le lecteur les comprend, compatit à leur douleur, et parfois, a envie de les secouer, surtout Mathilde. On est quand même désolé et vaguement agacé, car Thibaut et Mathilde ont joué de malchance depuis longtemps. On dirait que tous deux sont nés sous une mauvaise étoile.
Thibaut souffre, mais il est fort. Il a la force et le courage de quitter Lila. Ensuite, il passe son temps à espérer qu'elle va l'appeler, ce qui est tout à fait logique: on n'oublie pas comme ça. Mais il a des réflexions qui le font avancer. C'est un personnage positif, qui prend la mesure de la difficulté, et ne se transforme pas en carpette ou en imbécile.
Quant à Mathilde, elle montre sa détresse, et si elle n'agit pas comme il le faudrait, le lecteur la comprend. Elle n'est pas une machine: c'est une personne qui tente de s'en sortir, et qui est droite et honnête. Le lecteur est tout de même agacé. D'accord, Mathilde est impliquée, et donc, il lui est difficile de prendre du recul, mais on aurait pu croire qu'elle se serait servie de ses erreurs passées pour agir plus intelligemment, ce 20 mai.
Si suivre les personnages est intéressant, certaines choses font que je ne recommande pas vraiment ce roman. D'abord, l'inertie de Mathilde, et le fait que jusqu'au bout, elle s'y prenne, disons-le, comme un manche. Cela doit arriver plus souvent qu'on ne le croit, mais le fait qu'elle n'apprenne pas de ses erreurs m'exaspère.
Ensuite, je m'attendais à ce que Mathilde et Thibaut se rencontrent un peu comme dans «Providence». Il est quand même intéressant que Delphine de Vigan ne les fasse pas se rencontrer de la façon dont elle le suggère au long du roman, ça aurait été trop gros. Si leur rencontre est intéressante, on attend la suite. Bien sûr, cette rencontre est plus réaliste que s'ils s'étaient parlés tout de suite, mais elle laisse le lecteur frustré.
Attention, la fin du paragraphe dévoile des éléments de la fin.
Enfin, la fin est très négative. Thibaut aurait voulu parler à Mathilde car elle le fascine, mais elle disparaît dans la foule. Mathilde finit par perdre le cadeau de son fils qui finit dans une poubelle. Et puis, elle n'avance pas, elle régresse même. Delphine de Vigan laisse tout en suspens, ce qui donne l'impression d'une fin bâclée. On me dira que c'est réaliste, on ne peut pas tout résoudre en une journée. C'est pour cela qu'on attend une suite, surtout après une fin si négative.
Petites remarques annexes:
L'homme d'affaire extrêmement pénible qui sait tout sur tout, et qui veut tout contrôler, même la maladie, est très bien représenté. Il m'a bien fait rire. Le pire, c'est que des gens comme ça existent.
Lorsque Mathilde reçoit un coup de fil de son ancien opérateur téléphonique, elle ne fait bien sûr pas exprès de se mettre à pleurer, mais je n'avais jamais pensé à ça pour faire fuir les représentants exaspérants qui veulent vendre ci ou ça. Au téléphone, les larmes doivent être facile à feindre. J'essaierai, la prochaine fois qu'on voudra me vendre un super abonnement que je ne veux pas, et qu'on ne me laissera pas en placer une!
On appréciera l'ironie, que Mathilde savoure elle-même, lorsqu'on apprend le métier de celui qui veut sortir avec elle.
La publicité du voyant que lit Thibaut est très réaliste! Je peux vous dire, pour en avoir reçu, que l'auteur n'exagère pas.
Au long du roman, j'ai noté quelques tournures maladroites.
Éditeur: Jean-Claude Lattès.
La version audio que j'ai entendue a été enregistrée par Françoise Canosa pour la Bibliothèque Braille Romande.
4 réactions
1 De FaFa - 09/05/2010, 21:52
Ouais ! Bah ce bouquin me dit bien du coup ! ça fait plusieurs critiques que je lis sur ce livre et ça me tente bien ! J'ai lu No et Moi de cet auteur, et j'aime beaucoup sa sensibilité à la réalité. Vraiment pas de fioritures, du réalisme et un peu de sentiments et hop on fait une histoire vraie !
Juste une remarque : le lien que tu mets pour acheter le livre, ce ne serait pas de la tentation mal placée ça HEIN
bises ma belles !
2 De La Livrophile - 09/05/2010, 21:58
N'écoute pas ton rabat-joie de porte-monnaie, Fafa, et clipue sur le lien tentateur. Mouarf!
Tu résumes bien: du réalisme, des sentiments, pas ce mièvrerie. Tu me diras si ça t'a plu!
Je vais ajouter ton adresse e-mail à mon carnet, tiens.
3 De Mélo - 19/05/2010, 21:28
Ah non ah non ! Je ne suis pas d'accord pour qu'on le lise avant moi !!! Depuis qu'il est sorti, je lorgne dessus en attendant la sortie poche ! Merci pour cette critique Betty, qui me conforte encore plus dans mon choix !
4 De La Livrophile - 19/05/2010, 21:54
Arf, désolée, Mélo, de l'avoir lu avant toi! Mdr! Tu as le droit de me châtier sur le forum pour ce vilain acte!