Vertige

L'ouvrage:
Ce jour de février, Jonathan Touvier, cinquante ans, s'éveille, enchaîné, au fond d'un gouffre. Il est entouré de glaciers et d'un puits où le courant d'air est très fort. Il découvre bientôt qu'il a deux compagnons d'infortune. Pourquoi sont-ils ici? Les trois hommes vont devoir apprendre à survivre dans le froid et avec très peu de nourriture.

Critique:
L'idée de Franck Thilliez, du fait de sa teneur, a forcément certains points positifs. Par exemple, la tension est toujours présente. Il y a bien certains moments où elle est au second plan, mais étant donnée la situation, elle est toujours là. Il y a également des moments où elle est extrême: lors des disputes entre les protagonistes, par exemple. Ces querelles seront rapidement violentes.

Franck Thilliez n'omet pas de montrer, de manière implacable, jusqu'où un homme peut aller pour sa survie. Il y a une chose à laquelle j'aurais dû m'attendre, mais que je n'ai pas vue venir. J'ai détesté que cette chose arrive, mais elle était inéluctable, dans toute son injustice et sa primitivité. D'un autre côté, je n'ai pas manqué de me demander comment j'aurais agi à la place des personnages. Lorsqu'un homme connaît une situation extrême, il est logique que ses instincts primitifs prennent le dessus, et qu'il ne pense qu'à survivre.

Ensuite, il y a l'énigme. En effet, nos héros se demandent pourquoi ils sont ici, et qui leur en veut au point de leur faire cela. Bien sûr, on ne le saura que vers la fin. Cela n'est pas gênant, car l'auteur occupe son lecteur avec le déroulement de l'intrigue. En outre, il donne quelques indices au cours du récit. La solution de l'énigme serait parfaite si elle ne souffrait pas de quelques invraisemblances. La moins discutable est le fait qu'on ne sait pas trop comment une certaine chose a été possible. Jonathan fait partager quelques conjectures au lecteur, et on pourrait s'en contenter. La plus discutable des deux incohérences est un important paramètre que beaucoup d'auteurs oublient ou laissent de côté lorsqu'ils font ce genre de choses. Tonino Benacquista l'a omis dans «Quelqu'un de bien», et Marc Welinski en a tenu compte dans «Le syndrome de Croyde». Je trouve dommage qu'un auteur comme Franck Thilliez, qui ne laisse jamais rien au hasard, habituellement, ait dédaigné ce paramètre. Si «Vertige» est un très bon thriller, il reste cette faille qui l'entache un peu.

Parfois, chaque chapitre d'un roman commence par une citation. Habituellement, je déteste cela, car pour moi, cela n'apporte rien. Ici, l'auteur s'est montré pertinent, car les citations sont des extraits de livres qui touchent Jonathan ou des extraits de lettres qu'il écrivit ou reçut.

Éditeur: Fleuve Noir.
La version audio que j'ai entendue a été enregistrée pour le GIAA

Acheter « Vertige » sur Amazon