Un peu plus loin sur la droite

L'ouvrage:
Louis Kehlweiler, retraité du ministère de l'intérieur, commence toujours ses enquêtes à partir de rien. Il n'est donc pas étonnant qu'une déjection canine contenant une «bricole» l'interpelle. Cette «bricole», il est persuadé que c'est un os humain.

Critique:
Quand je trouve des lenteurs dans un roman policier, je les reproche à l'auteur. Ici, j'aurais tendance à faire le contraire. L'enquête démarre très lentement, et je n'aurais pas voulu que cela aille plus vite. Au début, Fred Vargas nous présente ses personnages, avec leurs particularités. Il y a d'abord la vieille Marthe, qui, entre autres, sèche toujours sur le même mot lorsqu'elle fait ses mots croisés, et ne le retient jamais lorsque Louis le lui dit. Il y a bien sûr Louis qui prospecte dans le quartier, à la recherche d'on ne sait quoi. On retrouve également Marc Vandoosler, qui tente de ne plus s'énerver, ou du moins de faire en sorte que cela ne se remarque pas.
Bon prince, Louis propose son étrange histoire d'os au commissariat du coin... excepté que ses motivations ne sont pas pures...

Quant à l'enquête, si je la retrouvais sous une plume classique, je reposerais le livre. Elle est portée par l'étrangeté de son début et par les loufoqueries dont elle s'accompagne. Il est toujours amusant de puiser dans la multitude de drôleries et d'étrangetés dont Fred Vargas parsème ses romans afin de les donner en exemple, et même, pourquoi pas, de les adopter comme une certaine philosophie de vie. (Rassurez-vous, je ne vais pas me promener avec un crapaud dans la poche.) Toujours est-il que, comme souvent, l'enquête est assez classique. La romancière peut se permettre de présenter un ou deux faux coupables (heureusement, elle n'en fait pas trop), et de retarder un peu les découvertes en donnant de faux indices. Je lui pardonne cela grâce à son originalité. Il y a même deux chapitres où on est dans la tête de la personne coupable. En général, je déteste ça, car pour moi, ce sont des lenteurs inutiles. Ici, il n'y en a pas trop, ce n'est pas lassant. En outre, ces chapitres sont courts.
Il y a un personnage qui m'a été antipathique à cause de ce qui arrive à Ringo. Je n'ai pas pu apprécier ce personnage par la suite...

L'humour de Fred Vargas est omniprésent, comme d'habitude. Outre ce que j'ai déjà évoqué, on le retrouve à travers des situations qui se répètent. Par exemple, plusieurs fois, Louis désigne quelqu'un à Marc, mais celui-ci ne doit surtout pas se tourner pour le regarder.
D'autre part, il y a certaines anecdotes amusantes. Dans un autre roman de Fred Vargas, il y a l'histoire de l'homme qui a mangé une armoire. J'ai toujours voulu savoir si c'était inventé ou inspiré d'un fait divers. Ici, il y a l'anecdote de la Remington.%%On trouve aussi quelques «délires» du genre de ceux dans lesquels je me lancerais. Par exemple, Louis s'amuse à décortiquer l'expression «pisse-froid», ou Marc doit penser à quelque chose qui lui tient vraiment à coeur (il choisit le massacre des Albigeois) pour avoir l'air triste et choqué.

Bref, un roman de Fred Vargas qui m'a beaucoup plu, dans lequel je me suis plongée avec délectation, et que j'ai été déçue d'avoir fini.

Remarque annexe:
J'aime bien la théorie de Louis quant aux mains.

La version audio que j'ai entendue a été enregistrée par Philippe Allard. Ce livre m'a été envoyé par les éditions Audiolib.
Comme d'habitude, Philippe Allard a su se glisser dans la peau des personnages, et a su interpréter le style si particulier de Fred Vargas. Il a quelque peu modifié sa voix pour certains personnages. Je ne suis pas partisane de cette façon de faire, mais ici, cela ne m'a pas gênée, donc je ne râlerai pas. ;-)
Je ne sais pas s'il y a une coquille dans le texte écrit, ou si le lecteur a fait un lapsus, mais à deux reprises, il dit «Lisa» au lieu de «Lina».

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