L'auteur:
Voir le billet sur Serge Brussolo.
L'ouvrage:
Sirio vit dans un camion. Par nécessité, il est devenu montreur de marionnettes. Trente ans auparavant, il travaillait dans un zoo. Un jour, un nuage de gaz a submergé la ville, et de curieux phénomènes se sont produits. La permutation moléculaire a fait que des femmes ont accouché d'animaux, et que les chiennes et les chattes ont accouché d'êtres humains. Tous les animaux du zoo où travaillait Sirio ont été abattus, et les animaux nés de femmes ont, eux aussi, été massacrés. Quant aux humains nés d'animaux, on les a enfermés dans le bagne de Funnyway. Sirio est parti sur les routes, bien décidé à rassembler le plus de documentation possible sur cette histoire, et à retrouver les enfants de Funnyway, car il est persuadé que ce sont des dieux, injustement brimés.
Nath est l'un de ces enfants. Il a maintenant environ 30 ans. Il a toujours été élevé à Funnyway avec la bande d'enfants nés d'animaux. Depuis quelques temps, il s'est rendu compte que s'il veut garder sa lucidité, il ne doit pas manger. En effet, la nourriture appétissante servie par les nourrices de Funnyway (des robots géants à la voix douce, des robots implacables qui vous broient si vous contrevenez à la règle selon laquelle vous êtes un enfant), est droguée. Quand on l'absorbe, on régresse, on garde un cerveau d'enfant. Nath, qui ne connaît que l'univers de Funnyway, sent qu'il y est prisonnier, puisqu'on le force à régresser dans l'enfance. Il va essayer d'en savoir plus.
Critique:
Ce livre nous plonge dans un monde totalement fou. D'abord, les habitants de Funnyway sont abreuvés de nourriture droguée, et d'histoires propres à les terrifier, des histoires qui font naître des délires dans leurs cerveaux. S'ils s'aventurent à transgresser les interdits, de grands malheurs leur arriveront. Par exemple, ils pourraient finir comme l'enfant chocolat. Cela permet à l'auteur de développer des visions hallucinantes, des histoires délirantes qui montrent son imagination, et qui sont assez amusantes si on prend du recul, bien sûr.
D'autre part, on voit jusqu'où un homme peut aller par fanatisme. Sirio n'hésite pas à sacrifier sa vie afin de retrouver ceux qu'il croit être des dieux sauveurs de l'humanité.
On a aussi un bon échantillon de ce que peuvent engendrer la peur et l'ignorance. Par peur et ignorance, on a décimé des animaux, on a emprisonné des enfants, on les a enfermés dans l'enfance. Cela rappelle un autre roman de Brussolo: "L'homme aux yeux de napalm", où la peur, l'ignorance et l'impossibilité de communiquer engendrent un malentendu qui décidera du destin des deux personnages principaux.
Il ressortirait de cela que Brussolo estime que les terriens auront toujours une réaction négative à la vue d'un phénomène inexplicable. Je pense qu'il n'a pas tort. Mais c'est compréhensible: quand on a peur, qu'on ne sait pas ce qui se passe, on préfère essayer d'endiguer le phénomène.
Comme toujours avec Brussolo, l'ambiance est très sombre. Si certaines personnes s'en sortent, d'autres sont entraînées par le chaos. Et que penser de la fin? Peut-on dire qu'elle est bonne pour le personnage?
Éditeur: Denoël.
La version audio que j'ai entendue a été enregistrée par Marie-Philippe Lachaud.
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