lundi, 6 février 2023

Elma, d'Eva Björg Aegisdottir.

Elma

L'ouvrage:
Après plusieurs années passées dans la police de Reykjavik, Elma, sur sa demande, est mutée dans celle d'Akranes, ville de son enfance.
Sa première enquête est un meurtre: le corps d'une femme retrouvé flottant, non loin du phare de la ville, portant des marques de strangulation.

Critique:
Ce roman m'a plu. Sa structure est ce que j'appelle classique, c'est-à-dire que l'autrice alterne les chapitres concernant l'enquête avec d'autres racontant des événements ayant eu lieu trente ans plus tôt. Bien sûr, ces événements sont liés à l'enquête. Je commence à trouver cette structure un peu «facile», mais elle ne m'a pas agacée.

Dès le départ, l'autrice donne un indice concernant le meurtre. Il est tellement gros que j'ai pensé qu'il était faux. Cela non plus ne m'a pas gênée. Ensuite, Eva Björg Aegisdottir renforce cet indice en nous montrant les réactions d'un personnage... J'ai rapidement pensé que ces réactions étaient dues à autre chose qu'à ce meurtre. J'ai apprécié que ma théorie et celle de la culpabilité de ce personnage soient cohérentes, au long du roman, et qu'on ne connaisse l'exacte vérité que vers la fin. Bien sûr, la romancière traîne forcément avant de tout dévoiler, cependant, cela n'engendre pas de lenteurs, à mon avis. En effet, je ne me suis pas ennuyée. Au départ, je me suis même demandé quel était le lien entre certains protagonistes et le reste. Il m'a plu que l'autrice ne l'ait pas tout de suite rendu évident.

À la fin, le lecteur sait tout. Il y a seulement une chose dont je pense qu'elle s'est passée un peu différemment de ce qu'a confessé le personnage coupable, mais cela ne change rien à l'histoire. J'aurais quand même aimé que la police sache une chose que le lecteur, et probablement le protagoniste coupable, savent. En outre, autre chose décevra le lecteur qui aimerait que justice soit entièrement faite.

Ce roman aborde un thème commun à beaucoup d'auteurs de thrillers. Il ne le fait pas de manière aussi atroce que ceux de Lisa Gardner, par exemple, mais de toute façon, le fait que ces choses arrivent sera toujours répugnant, même si certains auteurs les évoquent avec davantage de gants que d'autres.

J'ai apprécié Elma. Elle veut bien faire son métier, ses relations sont bonnes avec ses parents (mais pas avec sa soeur), elle tente de supporter une récente blessure morale... Je suis contente à l'idée de la retrouver dans «Les filles qui mentent».

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lundi, 30 janvier 2023

En secondes noces, de Shari Lapena.

En secondes noces

L'ouvrage:
Stéphanie est mariée depuis trois ans. Elle a des jumelles de quatre mois. C'est alors qu'Erika Voss fait son apparition. Neuf ans auparavant, celle-ci était proche de Patrick, le mari de Stéphanie, et de sa première femme, Lindsay. Cette dernière est morte, neuf ans plus tôt, accidentellement empoisonnée au monoxyde de carbone. À présent, Erika menace Patrick de dire à la police qu'elle a des raisons de penser que la mort de Lindsay n'était pas un accident. Pour prix de son silence, elle exige 200000 dollars.

Critique:
en 2022, devait sortir, en français, «The end of her». Ne le voyant pas apparaître en juin / juillet, j'ai décidé de le lire en anglais. Maintenant qu'il est sorti en français sous le titre «En secondes noces», je peux publier ma chronique. Je commence par souligner que, pour une fois, même si le titre VF n'a pas de rapports avec le titre VO, je le trouve bien choisi.

Ce roman m'a beaucoup plu, même si j'ai quelques reproches à lui adresser. J'ai d'abord trouvé que Shari Lapena menait bien son intrigue. Elle installe rapidement la situation, et les personnages, tout comme le lecteur, se retrouvent vite mal à l'aise. À mesure que les choses avancent, les rebondissements tombent à point nommé. Bien sûr, le lecteur se demandera s'il doit croire Patrick ou Erika, si les deux sont sincères, si les deux mentent... Habituellement, je me mets du côté du personnage principal. Ici, j'étais plus tiède. J'avais peur qu'on ne sache pas à quoi s'en tenir, à la fin, mais Shari Lapena ne nous laisse pas dans le flou.

Lorsque Stéphanie a décidé d'agir, je l'ai comprise, mais je l'ai trouvée moins sympathique. Certes, on me demandera si j'aurais préféré qu'elle se fasse damer le pion. (Je le tourne ainsi pour en dévoiler le moins possible.) Soit, je n'aurais pas voulu, mais j'aurais préféré que l'autrice trouvât une autre solution. N'en ayant pas dégoté, je ne peux reprocher à Shari Lapena d'avoir fait ainsi. De plus, si je me demande vraiment très sérieusement ce que j'aurais fait à la place de Stéphanie, la réponse risque de ne pas me plaire. ;-) La seule réelle faiblesse de ce pan de l'histoire est qu'on ne sait pas comment la jeune femme a acquis la certitude qu'elle a concernant Patrick. Il y a l'histoire du polygraphe, mais apparemment, autre chose l'a convaincue. Quelque chose convainc le lecteur, mais normalement, Stéphanie n'assiste pas à cet événement. La romancière aurait dû trouver un moyen de le lui faire surprendre, ainsi, il n'y aurait aucun doute. Là, notre héroïne ne peut que subodorer...

Il y a un semblant d'incohérence. À force de lire des romans policiers, j'ai appris que selon l'angle de tir et les résidus de poudre, il n'est pas si facile de faire passer un meurtre par arme à feu pour un suicide...

J'ai été contente de ce que nous apprend l'épilogue. Seulement, une question brûlante me taraude. Qui est responsable de ce que rapporte l'épilogue? Soit il y a un minuscule indice désignant le coupable, et je n'ai pas su le déchiffrer; soit c'est au lecteur de se faire son opinion. Pensant que je dois me faire mon opinion, je penche pour Stéphanie.

Édition française: Presses de la Cité.
La version audio que j'ai entendue a été enregistrée par Karissa Vacker pour les éditions Penguin Random House Audio.

Karissa Vacker n'a pas déçu mes attentes. Son jeu est aussi bon que dans les autres livres enregistrés par elle que j'ai lus. Je commence même à m'habituer à sa façon de faire les rôles masculins. Je préférerais qu'elle ne fasse pas ainsi, mais cela m'agace moins.

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jeudi, 26 janvier 2023

How to bury your brother, de Lindsey Rogers Cook.

Ho to bury your brother

L'ouvrage:
2007. Robinson (dit Rob) Tate vient de mourir, à trente-neuf ans. Sa soeur, Alice, est désespérée. Cela faisait plus de vingt ans qu'elle n'avait pas vu Rob, et autant de temps que le retrouver était son désir le plus cher.
Huit ans plus tard, Alice doit vider la maison de ses parents qui va être mise en vente. Elle y trouve des boîtes contenant certaines choses ayant appartenu à Rob, notamment des lettres adressées à diverses gens, dont sa mère. D'abord déçue de ne découvrir aucune lettre à son nom, Alice décide de retrouver les destinataires de ces missives, afin qu'ils lui disent ce qu'ils savaient de Rob.

Critique
Ce roman a quelques aspects durs, et d'autres plus doux. Alice entreprend une sorte de voyage initiatique à la recherches de personnes qui lui raconteraient son frère, qui l'aideraient à le retrouver un peu. L'histoire de ces deux enfants, séparés à cause de terribles circonstances, dont l'une est une très mauvaise communication au sein de la famille, est douloureuse. Au cours de son périple, Alice apprendra des choses sur Rob, mais elle en découvrira d'autres sur elle-même. Elle commence par oser affronter la douleur due à la disparition de Rob, et elle se penche sur sa vie, ses choix... J'ai apprécié que, concernant la vie privée de l'héroïne, l'autrice nuance certaines choses. Par exemple, vers la fin, Alice reconnaît à voix haute ce que le lecteur a deviné concernant son amour pour Walker. De ce fait, rien n'est manichéen.

Je ne suis pas férue des retours en arrière dans les romans, mais je sais que dans certains, comme celui-ci, ils sont nécessaires. C'est d'ailleurs ces retours qui montrent le caractère de Rob au lecteur. Je ne sais pas comment j'aurais agi à sa place. Certains diront que son enfance a été saccagée, d'autres (comme moi) penseront plutôt qu'il a joué avec le feu sans comprendre l'impact que cela pouvait avoir, ne serait-ce que sur lui-même, et qu'ensuite, les choses lui ont échappé.
Les parents d'Alice et Rob n'ont pas su le comprendre, et il ne les y a pas aidés.
Je préfère ne pas trop dire ce que j'ai pensé des autres personnages, car mes paroles concernant l'un d'eux pourraient mener le lecteur à comprendre des choses trop tôt. Je peux quand même dire que j'ai apprécié Meredith qui, en plus d'être une bonne amie, était toujours signe de détente et de rire pour le lecteur.

Les côtés sombres du roman sont atténués par des événements et des personnages porteurs d'espoir.

Ce livre fait partie de ceux dont j'aurais aimé qu'il ait un chapitre supplémentaire, chapitre qui montrerait l'installation de certains dans leur nouvelle vie. Peut-être aussi que l'autrice aurait pu dire ce qui arrive d'autre au personnage le plus haïssable... Celui-là ne souffrira jamais assez, à mon avis.

La version audio que j'ai entendue a été enregistrée par Karissa Vacker pour les éditions Tantor Media.

Karissa Vacker fait partie des comédiens que je retrouve avec plaisir. Je n'aime toujours pas la voix qu'elle prend pour les rôles masculins, mais tout le reste me convient. Son ton est toujours approprié, son jeu n'est ni trop sobre ni affecté.

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lundi, 23 janvier 2023

À qui la faute, de Ragnar Jonasson.

À qui la faute

L'ouvrage:
Islande. Quatre amis se retrouvent pour un week-end. Armann a vanté les joies de la chasse à la perdrix aux trois autres. Seulement, le samedi, une tempête de neige éclate, ce que la météo n'avait pas prévu. Au lieu de chasser, les personnages se retrouvent aux prises avec le blizzard, mais aussi avec les ressentiments des uns envers les autres...

Critique:
Ce roman m'a plu, mais moins que «La dame de Reykjavik».

J'ai apprécié que l'auteur alterne, grâce à de courts chapitres, le point de vue des quatre protagonistes. Ainsi, le lecteur sait ce que pense chacun au long du week-end, et se fait une opinion quant à eux. Je ne les ai pas appréciés. Certes, il y en a que j'aimais moins que d'autres, mais globalement, ils ne m'ont pas été sympathiques.

J'ai apprécié que Ragnar Jonasson fasse peu à peu monter la tension. Entre les pensées et répliques des personnages, la tempête, et les remous causés par la présence d'un inconnu, l'ambiance est assez oppressante. De plus, le romancier révèle certaines choses alors que ces éléments ont distillé cette atmosphère: cela rend ces révélations d'autant plus marquantes. Je reconnais qu'il en est une qui, à y bien réfléchir, n'est pas si incroyable (elle n'est une surprise que pour le lecteur) mais elle m'a beaucoup étonnée, Justement parce que l'auteur avait préparé les circonstances dans lesquelles il la ferait.

La fin est logique lorsqu'on connaît les personnages. Je me demande comment l'un d'eux va accomplir ce qu'il souhaite, mais apparemment, l'histoire ne le dira jamais. Ragnar Jonasson ne pourrait pas écrire une suite, car le lecteur saurait immédiatement de quoi il retournerait. Il ne pourrait pas y avoir de suspense.

Il est dommage que l'auteur ait fait ce que j'appelle «un prologue insipide qui ne sert qu'à ennuyer». Le roman commence le vendredi soir, et le prologue est une scène du samedi. Il ne fait que dire des choses qu'on aurait pu apprendre au fil du déroulement du week-end, et créer du faux suspense.

Service presse des éditions Audiolib par l'intermédiaire de la plateforme de lecture NetGalley.
La version audio que j'ai entendue a été enregistrée par Slimane Yefsah.

C'est le premier roman que je lis enregistré par ce comédien. Pourtant, voilà plusieurs années que je vois son nom sur des notices de livres audio. Je ne sais pas encore si j'irai facilement vers d'autres livres qu'il a enregistrés. En effet, j'ai trouvé qu'il manquait de naturel lorsqu'il s'agissait de dire les propositions incises (répondit-il, dit Machin, cria Truc...). Cela m'a gênée. De plus, je n'ai pas apprécié que, souvent, il prononce «Helena» en marquant le «h». Certes, peut-être ce choix est-il une demande de l'éditeur audio.

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jeudi, 19 janvier 2023

La doublure, de Mélissa da Costa.

La doublure

L'ouvrage:
Evie a vingt-trois ans. Voilà cinq ans qu'elle est la petite amie de Jean. Au lieu de s'engager, celui-ci la quitte. Elle décide alors de postuler pour être hôtesse sur un bateau de croisière: quelque chose qui rapporterait beaucoup et lui ferait prendre un bol d'air. C'est en cherchant du travail qu'elle rencontre Pierre Manan. Celui-ci lui propose d'être la doublure de sa femme, Clara, une jeune peintre. Evie devrait accomplir toutes les obligations mondaines dons Clara refuse de s'encombrer.

Critique:
Je n'ai lu que deux romans de Mélissa da Costa, et je commençais à la cataloguer comme celle qui dit toujours qu'il faut prendre le bons côtés de la vie, quels que soient les coups durs que nous subissons. Elle a raison, mais je commençais à être embêtée qu'elle semble toujours arriver à cette conclusion, malgré des situations très délicates. Avec «La doublure», j'ai l'impression qu'elle m'a montré une autre facette de son écriture. Elle aborde des thèmes très délicats, comme la manipulation, l'addiction... Je ne l'imaginais pas écrire un tel roman. En outre, je peux dire qu'elle s'en sort très bien. Elle dépeint avec justesse les états d'âme de son héroïne, ainsi que le caractère de Pierre et Clara. Au cas où elle tomberait sur des lecteurs tatillons, elle prend le temps d'expliquer pourquoi Evie est une proie facile. La jeune fille est sous le coup d'une rupture après cinq ans de relation, sa mère n'a su que la brimer dans son enfance, elle ne voit d'ailleurs plus ses parents... J'aurais fait partie des lecteurs qui auraient pointé l'incohérence si Evie avait semblé mieux armée pour affronter la vie. Bien sûr, je ne cessais de pester après elle en lui disant en pensée que dans telle situation, elle devrait réagir autrement, mais j'admettais qu'elle se soit laissée prendre, car entre son caractère, son vécu, et ce qu'ont fait les Manan pour la subjuguer, elle ne pouvait pas résister, malgré les petites étrangetés qu'elle décelait.

La jeune narratrice entraîne le lecteur dans sa longue descente aux enfers. L'autrice ne fait pas dans la dentelle, déployant de nombreux éléments malsains, tous propres à précipiter l'héroïne dans un gouffre sans fond. Elle maîtrise parfaitement son intrigue et ses personnages. Ce que chacun est capable de faire est assez effrayant.

Pendant les derniers chapitres, j'ai espéré une fin où l'héroïne réagirait comme celle de «How to grow an addict», de J. A. Wright. Mélissa da Costa n'a pas fait cela, mais sa fin est en adéquation avec le caractère d'Evie, tout comme ce qui arrive avant est en harmonie avec le caractère de Clara et Pierre. Donc, cette fin m'a déçue, mais la faute n'en revient pas à la romancière. D'ailleurs, une fin comme je l'aurais souhaitée n'était pas forcément cohérente avec ce que nous savons d'Evie.

Ce roman m'a donné envie de lire les deux livres de Mélissa da Costa qui attendent dans ma pile à lire: «Je revenais des autres» et «Les douleurs fantômes». En effet, maintenant que «La doublure» l'a débarrassée, à mes yeux, de sa casquette d'autrice semi-«feel good», je veux approfondir.

Éditeur: Albin Michel.
La version audio que j'ai entendue a été enregistrée par Anne-Elvire de Montjou pour la Bibliothèque Sonore Romande.

J'ai été ravie de retrouver Anne-Elvire de Montjou, qui a également enregistré «Les lendemains», et dont j'aime beaucoup le jeu. Ici, un mauvais lecteur serait tombé dans l'emphase, étant donné ce que vit notre narratrice. Anne-Elvire de Montjou a su montrer les sentiments de l'héroïne sans exagération.

Pour information, ce roman est sorti hier aux éditions Audiolib. Ne connaissant pas du tout la comédienne qui l'a enregistré d'une part, et appréciant beaucoup la lecture d'Anne-Elvire de montjou d'autre part, j'ai décidé de lire la version de la BSR.

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