L'ouvrage:
Les membres de la famille Kelleher ne s'entendent pas vraiment. Ainsi, l'été, les enfants d'Alice (la matriarche) se succèdent à Maine, la propriété de cette dernière.
Cet été-là, les Kelleher ne savent pas encore qu'Alice a décidé de leur faire une petite surprise qui, elle l'espère, ne sera connue d'eux qu'après sa mort.
Critique:
Comme dans «Les débutantes», Courtney J. Sullivan analyse parfaitement la psychologie de ses personnages. J'ai préféré «Maine» parce que je me suis attachée à certains personnages.Si les héroïnes de «Les débutantes» me semblaient cruches et capricieuses, celles de «Maine» me paraissent plus matures. Bien sûr, je ne suis pas d'accord avec tous leurs choix, mais je comprends leurs motivations.
L'auteur alterne les points de vue d'Alice (l'aïeule de plus de quatre vingts ans), de Kathleen (sa fille d'environ soixante ans), de Maggie (la fille de Kathleen qui a trente-deux ans), et d'Ann Marie, (la belle-fille d'Alice, car mariée avec son fils). Ces quatre femmes sont très différentes. Kathleen a élevé ses enfants en tentant d'être l'opposé exact de sa mère, car le comportement de cette dernière l'a traumatisée. Résultat: Maggie ne veut pas reproduire ce qu'a fait Kathleen. À un moment, celle-ci s'en rend compte, et est horrifiée à l'idée qu'en voulant éviter les erreurs d'Alice, elle en a commis d'autres.
Maggie m'a semblé superficielle, au début. Elle veut s'établir avec Gabe, son petit ami pour de mauvaises raisons. L'une d'elles étant que sa cousine qui a le même âge est déjà mariée et a trois enfants. Bien sûr, elle a des sentiments pour lui, mais elle a également ce genre d'arguments. Maggie est pourtant celle qui, à mon sens, évoluera le mieux au cours de l'été conté par Courtney J. Sullivan.
Ann Marie m'a vraiment intéressée. Elle fait son possible pour se fondre dans la famille, mais il n'est pas sûr qu'elle soit désintéressée. Je ne parle pas seulement de biens matériels. Ann Marie donne l'impression de vouloir qu'on la reconnaisse en tant qu'être dévoué, ouvert... elle voudrait qu'on la croie parfaite. C'est justement ce qui insupporte Kathleen. Il est vrai qu'Ann Marie est casse-pieds: il ne faut pas que les enfants entendent de gros mots, il faut être pratiquant, et donc, il ne faut surtout pas être une anomalie. Elle ne se remet pas du fait que l'une de ses filles soit lesbienne. Il est assez amusant qu'elle se permette de reprendre Alice qui montre ouvertement son racisme envers les noirs, alors qu'elle fait la même chose (de manière plus sournoise, puisqu'elle râle toute seule dans son coin) envers des homosexuels. En dehors de cela, elle vit très bien avec «ses pensées impures». Ces pensées ne me poseraient pas de problèmes si Ann Marie était un peu plus tolérante envers les autres. D'un autre côté, elle sait gérer les situations de crise, et il semblerait que sa générosité envers Maggie (du moins, cet été-là) ait été totalement désintéressée. Voilà pourquoi elle ne pourra pas inspirer de sentiments tranchés, ce qui est une bonne chose.
Kathleen semble être l'opposé d'Ann Marie. Elle est très franche, ne s'embarrasse pas de minauderies, ne se raccroche pas à la religion, n'a pas honte d'être qui elle est. Certes, mais elle ne fait pas preuve d'empathie, surtout lorsque sa fille demande un peu d'attention et d'écoute. Kathleen est surtout obsédée par le fait de ne pas ressembler à Alice et à Ann Marie. Elle en oublie de se remettre en question. Sans parler du fait qu'elle souffre de la même addiction que celle qu'elle rejette.
Alice est sûrement celle que j'ai le moins aimée. Elle a souffert d'être née dans une famille où on communique mal, et elle l'a reproduit. En outre, elle est d'une génération plus fermée, plus distante. Cela n'explique évidemment pas tout. J'ai surtout désapprouvé le fait qu'elle soit rongée de culpabilité, mais n'ose pas assumer sa mauvaise action, puisqu'elle ne parvient pas à la dire. Elle endure quand même une sorte d'expiation. D'une manière générale, je la trouve froide et antipathique.
Au long du roman, l'auteur confronte les points de vue de ces femmes sur l'histoire de la famille. J'ai apprécié de connaître un pan marquant de l'histoire par petites touches. L'une d'elles y pense, puis l'autre. On découvre leurs points de vue, et on les comprend. Je pense surtout à ce qui arrive à Daniel. Alice et Kathleen s'opposent radicalement. Le point de vue de chacune se comprend. Peut-être serais-je plus encline à partager celui de Kathleen car elle respecte la volonté de son père.
Un roman abouti, dépeignant à merveille les relations de plusieurs membres d'une famille aux caractères très différents.
La version audio que j'ai entendue a été enregistrée par Ann Marie Lee pour les éditions Random house audio.
Acheter « Maine » sur Amazon
Derniers commentaires