L'auteur:
Voir le billet sur Serge Brussolo.

Les lutteurs immobiles L'ouvrage:
Il y a eu l'ère du gaspillage. Les objets pouvaient être jetés après la première utilisation. A peine étaient-ils ébréchés qu'on pouvait s'en débarrasser.
La SPO (Société Protectrice des Objets) décide de mettre bon ordre à ce honteux gaspillage. Les objets seront munis de capteurs qui indiqueront à la SPO s'ils sont "maltraités". Si un objet est cassé avant sa date de péremption prévue par la SPO, son possesseur sera sévèrement puni.

David est peintre. Il subit, comme tous, cette répression, et il a peur à chaque fois qu'il manipule un objet dont la date d'expiration n'est pas arrivée. Un jour, sa compagne, Patricia, est arrêtée, car elle est soupçonnée de faire partie d'un groupe de dangereux dissidents. Les soupçons pourraient également se porter sur David. Mais on a décidé de le soumettre à une expérience, une nouvelle idée pour forcer les gens à faire très attention à leurs objets: un couplage. A l'aide de capteurs, on couple une personne et un objet. Dès que l'objet est ébréché, la personne avec qui il est couplé retrouve l'éraflure sur son propre corps. Si l'objet est brisé de manière irrémédiable, la personne est tuée. Quoi de mieux pour que les gens fassent très très attention aux objets? Quoi de plus persuasif? L'idée est révolutionnaire. David n'a pas le choix...

Critique:
J'ai beaucoup aimé ce livre. On y retrouve un Brussolo imaginatif, comme je l'aime. L'idée de départ est très intéressante, et elle est très bien exploitée. Brussolo nous renvoie à notre propre égoïsme: les objets, on les casse sans remords, mais quand cela peut se répercuter sur notre petite personne, on prend grand soin de ces mêmes objets. Bien sûr, c'est exagéré, ici, car les gens ne gaspillent pas les objets comme dans ce roman. Mais j'en connais certains qui gaspillent la nourriture comme certains personnages du récit gaspillent les objets.
La première surprise passée, le lecteur découvre d'autres choses qui découlent de ce couplage. Il y a des rebondissements, tout ne se passe pas comme l'avait prévu la SPO. On trouve ici un thème très intéressant: les hommes essaient de contrôler quelque chose, et ils n'y arrivent pas. Bien sûr, on comprend la SPO qui en a assez du gaspillage, mais les mesures de répression sont trop drastiques, et l'idée supprême du couplage est proprement sadique. Les hommes vont trop loin en partant d'une envie de bien faire, et les éléments qu'ils essaient de contrôler leur échappe. Quelque chose se détraque...

La fin m'a un peu déçue, mais pas du point de vue de l'intrigue qui est très bien menée de bout en bout. C'est ce qui arrive à David qui ne m'a pas plu. Mais c'est totalement subjectif, c'est parce que je n'aime pas les fins trop tristes. En tout cas, cela n'enlève rien à l'intrigue, et au fait que l'auteur ne traîne pas. D'ailleurs, ce roman est court.
Et on ne peut pas s'empêcher d'avoir un petit sourire, en découvrant la pointe d'humour lorsqu'on apprend ce que veut dire le sigle SPO.

Éditeur: Fleuve Noir.
La version audio que j'ai entendue a été enregistrée par Marie-Philippe Lachaud.

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