Les enfants dont personne ne voulait

L'ouvrage:
Carl et Helen ne peuvent pas avoir d'enfants, car Helen est stérile. Pourtant, elle rêve d'élever une famille. Après un moment d'abattement, elle s'avisa qu'il y avait des enfants à adopter, des enfants qui ne demandaient que cela: être aimés. Son mari et elle firent les démarches.

Après plusieurs refus, principalement dus à la précarité de la situation du jeune couple, Carl et Helen finirent par adopter Donald. Il sera le premier d'une longue série...

Critique:
Ce témoignage fut publié en 1955, et il est terriblement actuel.
Helen nous conte avec humour et finesse l'histoire de sa vie et de sa famille. Son livre n'est pas du tout larmoyant ou mièvre. Bien sûr, son désir incommensurable d'enfants m'a un peu agacée, me faisant dire plusieurs fois qu'il n'y avait pas que les enfants, dans la vie, mais au moins, on sait pourquoi Carl et Helen ont adopté tous ces enfants (je ne vous dis pas combien il y en a, même si, malheureusement, la quatrième de couverture dévoile le nombre): pour les aimer. Ils n'ont pas fait la réflexion que j'entends trop souvent, et qui me fait bondir: "Je veux que ce soit un enfant de mon sang." Cet argument n'a pas lieu d'être, à mes yeux. Ce qui compte, c'est l'amour que l'on donne et que l'on reçoit. C'est ce que Carl et Helen nous racontent ici.

L'humour est introduit de plusieurs manières. D'abord, Helen relate certains épisodes en choisissant de nous en montrer le côté amusant, même si, sur le moment, elle était plus exaspérée qu'amusée. Par exemple, Donald se promenant partout, mettant tout ce qui se trouvait à sa portée dans sa bouche, et plus tard, étalant des contenus de sandwiches sur les sièges, dans le train...
Certaines conversations des enfants aussi sont amusantes, notamment le «Rita est tombée par la fenêtre», ou le «Tu m'aimes?».
Il y a aussi ce charmant mot de Laura, approuvée par les autres enfants, lorsqu'ils apprennent que quelqu'un dans leur entourage va avoir un petit frère.
«Est-ce que votre mère va aller à l'orphelinat, et l'adoptera?
(...)
-Mais non, elle va simplement aller à l'hôpital et le faire naître.
(...)
-Eh bien, ne vous inquiétez pas. Je suppose qu'elle finira quand même par l'aimer vraiment.»
Il est également amusant de lire les colères de Carl, qui, chaque fois qu'Helen souhaite adopter un ou plusieurs nouveaux enfants, soupire: «Bon, d'accord, mais c'est le dernier!» Les circonstances dans lesquelles le couple décide d'adopter les trois derniers enfants sont d'autant plus amusantes.

Après Donald, Helen et Carl adopteront des enfants d'origine étrangère, car ils se sont rendus compte que personne n'en veut, justement à cause de leur origine étrangère. Plusieurs fois, Helen explique à quel point le racisme la révolte, et qu'elle reste sans voix devant son ampleur. Elle analyse avec brio les raisons du racisme. Rien que pour ces passages, ce livre est à lire absolument, et à faire acquérir à tous les racistes!

Je n'avais pas un très bon a priori sur ce livre, à cause du sujet traité. Je l'ai emprunté parce qu'il était lu par Arlette Bratschi (pour la Bibliothèque Braille Romande). J'ai découvert un témoignage de qualité, une famille soudée, deux adultes désireux de bien faire, et toujours humbles. Cette famille force l'admiration. Bien sûr, Helen nous montre plutôt les bons côtés, mais elle nous parle quand même des points négatifs: du fait qu'elle a souvent du mal à tout gérer, etc.
Je vous conseille ce livre qui met de bonne humeur.

Éditeur: Calmann-Lévy.

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