Note: Les deux personnages principaux de ce roman ont été créés pour une série antérieure: «Le roi squelette». Je n'ai pas lu cette série, car il est très difficile de la trouver. Apparemment, les chapitres présentant Shagan et Junia seraient repris des chapitres du tome 1 de cette série.
L'ouvrage:
Antonius a recueilli le secret d'un mourant. Il sait comment trouver le trésor de la prêtresse Ankhnoût. Seulement, il a besoin d'aide: les explications sont gravées dans une pierre, mais le temps a effacé les signes. Seule, une personne ayant un toucher extrêmement sensible pourrait les déchiffrer. Or, le chamelier Akaris sait qui y arriverait.
Cependant, il faut faire sortir la perle rare du temple où elle est enfermée. C'est alors qu'Akaris aura besoin de Shagan et Junia, un couple de brigands pas comme les autres.
Critique:Voilà un Brussolo comme je les aime.
D'abord, il n'y a pas de longueurs. Si les personnages suivent une route balisée par leur désir de récupérer le trésor, les rebondissements sont nombreux et importants. En outre, ils sont de plusieurs sortes: l'auteur n'utilise jamais la même ficelle, ou alors, il sait la renouveler. Les rebondissements sont engendrés par différents facteurs: les pièges de la prêtresse, la superstition et le fanatisme de certains personnages, le fait que certains se révoltent... Les pièges sont bien imaginés, leur diversité est assez impressionnante.
Si le début peut paraître un peu lent, je l'ai trouvé très bon. En effet, l'auteur plante très bien le décor, et sait plonger son lecteur dans l'ambiance de l'époque. Outre la présentation soignée de certains personnages, le récit est jalonné d'anecdotes et de détails propres à immerger le lecteur dans l'univers créé et l'époque.
À l'instar d'autres héros brussoliens, Junia se dit que si elle devient riche, elle s'ennuiera peut-être, et évoquera avec envie tous les dangers qu'elle court dans cette aventure. Je n'aime pas trop cette théorie, également développée dans «La meute», et sûrement dans d'autres livres de l'auteur. Je sais que certains réagiraient ainsi, mais sûrement pas moi! 
Outre l'histoire bien construite, Serge Brussolo exploite certains thèmes qui lui sont chers, par exemple, le fanatisme, la manipulation de l'esprit. Tanita est le personnage le plus représentatif de cela. Elle est complètement endoctrinée.
Elle a été d'autant plus facile à manipuler qu'elle n'a jamais connu le monde extérieur, et n'a, pour repères, que ce que lui ont dit les prêtres. Sa certitude que le soleil la brûlera est touchante, malgré l'exaspération qu'elle engendre. En effet, elle rappelle Shagan et Junia croyant qu'à cause de la nourriture de Massalian, leurs corps pouvaient geler à l'air libre. Même un esprit éclairé et critique peut douter (la remise en question est d'ailleurs le propre de l'esprit critique), si on lui assène les choses avec force et conviction, et si on les explique par des procédés rationnels.
Comme souvent chez Brussolo, les seuls personnages attachants sont les héros. Ils ont connu des déboires que peu de personnes supporteraient (surtout Shagan), et cela les a endurcis sans pour autant les rendre absolument insensible, même s'il leur arrive de tuer.
J'ai admiré Junia qui a tenté d'aller contre sa nature, parce que son coeur et sa raison lui disaient que c'était mal. Il est intéressant qu'elle ait de tels scrupules, car cela complexifie le personnage. D'autre part, on ne peut s'empêcher de se demander comment on réagirait à sa place.
Tanita pourrait être attachante, car elle est attendrissante par certains côtés, mais à part le fait qu'elle est endoctrinée, c'est une sacrée enquiquineuse! Elle peut se montrer hautaine et méprisante avec des personnes qui ne pensent pas comme elle.
Remarque annexe:
Bien sûr, il n'existe pas de personnes aveugles dont le toucher est aussi sensible que celui de Tanita. Mais contrairement à certains auteurs, Brussolo ne fait pas de généralités. C'est très bien expliqué dans le récit.
Note: J'ai lu ce roman dans le cadre du challenge Serge Brussolo organisé par Bambi Slaughter.
Éditeur: le Livre de Poche.
La version audio que j'ai entendue a été enregistrée par Marie-Philippe Lachaud.
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