La sirène

Note: Ce livre fait partie d'une série. Voici l'ordre dans lequel il faut lire les tomes:
La princesse des glaces
Le prédicateur
Le tailleur de pierre
L'oiseau de mauvais augure
L'enfant allemand
La sirène

L'ouvrage:
Christian Thydell a écrit «La sirène». Erica, qui accompagne la publication du roman, découvre bientôt qu'il reçoit des lettres de menace depuis qu'il a commencé à écrire. Elle décide de mener son enquête.

Patrik se débat avec un mystère insondable: Magnus, un habitant de Fjàllbacka, a disparu depuis plusieurs semaines. Il semble s'être volatilisé.

Critique:
Les amateurs de Camilla Läckberg seront ravis de ce tome 6: elle y glisse les ficelles qui lui sont chères. Pour ma part, je pense qu'elle commence à s'essouffler, car certaines de ses «astuces» sont vraiment trop utilisées. Par exemple, on retrouve, comme une fatalité, sa manière de retarder une révélation: un personnage a une idée, mais ne la fait pas partager au lecteur. Puis, il l'expose à un autre personnage, mais le lecteur n'est toujours pas mis dans la confidence... ainsi de suite. L'auteur s'étale sur l'extravagance de l'idée émise par le personnage, mais pourtant, il ne pourrait en être autrement, pense ledit protagoniste. Ensuite, il est expliqué que le personnage n'a pas toutes les pièces du puzzle, et que donc, c'est encore flou, etc.
Cette ficelle est exaspérante à la longue. Elle est là pour engendrer de la frustration, certes, mais le procédé est si abondamment utilisé, du moins par Camilla Läckberg, que j'ai plutôt ressenti de l'ennui.
D'autre part, vers la moitié, les choses s'enlisent un peu. La romancière crée des événements que je qualifierais de secondaires afin de donner un os à ronger au lecteur, mais pendant quelques temps, on piétine...

L'écrivain croise deux époques, comme à son habitude. Cette organisation de la trame n'est pas vraiment lassante, parce que l'histoire n'est jamais la même.

J'avais deviné beaucoup de choses avant qu'elles ne soient dévoilées. Je savais qui était le petit garçon «du passé», ce qui était arrivé à Alice. J'ai même su qui était coupable avant que l'auteur ne se décide à le dire. À ce propos, je trouve cette résolution très grosse. La romancière la prépare en faisant une très bonne étude de ses personnages, en les analysant de manière précise et convaincante. Cependant, je ne peux m'empêcher de penser qu'elle est tombée dans la facilité. Cette solution a déjà été imaginée dans plusieurs autres romans (que je ne citerai pas, car si vous les avez lus, vous saurez ce qui se passe dans «La sirène»), et outre son peu de crédibilité, elle fait partie de celles qu'il faut employer avec parcimonie. Je veux bien croire que ce genre de choses est possible, mais à ce point...
J'avais d'ailleurs envisagé une solution de rechange qui, avec quelques ajustements, aurait pu être recevable. Elle était un peu clichée, mais je l'aurais peut-être mieux acceptée.
En général, je résous les énigmes de Camilla Läckberg avant la fin des romans, et cela ne me gêne en rien, car je prends plaisir à la lire. Ici, j'en ai été quelque peu dérangée. Peut-être parce que la résolution ne m'a pas plu...

Même si Melberg s'est quelque peu humanisé, on retrouve sa bêtise, et sa prétention à être sur le devant de la scène, alors qu'il ne sait que brasser du vent. Je sais que tout cela existe, et que Melberg ne va pas changer en un claquement de doigts, mais la récurrence de la situation m'a agacée.
En revanche, l'auteur a insidieusement amorcé une espèce de rivalité entre deux personnages tout aussi appréciables. De plus, le petit ressentiment qu'éprouve l'un d'eux n'est pas directement causé par l'autre. J'ai trouvé cela habilement amené. Il faut voir comment les choses tourneront à ce sujet.

Comme à son habitude, Camilla Läckberg décrit à merveille personnages, situations, psychologie... Que le lecteur approuve ou non les protagonistes, il parviendra très bien à entrer dans leur tête grâce à l'analyse qu'en fait l'auteur. Je suis toujours très impressionnée de la justesse avec laquelle elle les crée. Un jour, j'ai lu une chronique disant que les personnages récurrents de cette romancière étaient superficiels, ne pensant qu'à la manière d'éviter de grossir tout en continuant de faire bonne chair. Il est vrai que ce type de «soucis» revient fréquemment, mais n'est-ce pas le cas chez beaucoup d'entre nous?
J'ai également aimé la description des relations de chacun avec son entourage, sa manière d'être dans la vie, etc.
Il y a même un personnage que j'ai apprécié, alors qu'on le voit très peu: Yannos Kovacs.

J'ai également retrouvé avec grand plaisir l'humour de Camilla Läckberg: de vraies moment de détente, du rire simple, des situations sympathiques.

Habituellement, l'auteur achève ses romans de manière à ce que le lecteur soit impatient de connaître la suite de ce qui arrivera à Patrik et Erica. Je conseille à ceux qui, d'habitude, sont très frustrés, d'attendre la sortie du tome 7, car la fin du tome 6 est encore plus frustrante que la fin des autres tomes. L'un des événements finaux est d'ailleurs préparé tout au long du roman par de multiples remarques. Je le voyais venir de très loin.

La version audio que j'ai entendue a été enregistrée par Jean-Christophe Lebert. Ce livre m'a été offert par les éditions Audiolib. Il sort en audio aujourd'hui, le 12 septembre.

Je suis déçue qu'Éric Herson-Macarel n'ait pas enregistré ce tome. Cependant, Jean-Christophe Lebert a une voix et une lecture agréables. Il parvient à jouer sans surjouer. Par exemple, le ton feutré qu'il prend pour lire les souvenirs du petit garçon est adéquat, car il renforce l'ambiance dans laquelle l'auteur plonge son lecteur. On sent que le garçonnet doit rester sur ses gardes, et qu'il éprouve un profond mal-être.
Le lecteur adopte également un ton approprié lorsqu'il s'agit de Melberg: quand on brasse du vent, on le fait en s'étalant et en se montrant au maximum, d'où la voix forte, le ton du commandant sûr de lui.

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