L'empire des abîmes

Note: Cette série mélange fantastique et science fiction. J'ai décidé de la ranger dans la catégorie «science fiction», car il me semble que c'est cet aspect qui domine.

Note: Serge Brussolo a d'abord publié cette série sous le pseudonyme de Kitty Doom. Par ailleurs, Kitty et Doom sont les deux personnages de «Armés et dangereux», un thriller de Serge Brussolo.

L'ouvrage:
Aldoran est un mélange de médiateur et de détective intergalactique. Son travail consiste à tenter de résoudre les crises que connaît la galaxie. Lorsqu'il ne travaille pas, il dort. On le réveille lorsqu'on a besoin de lui.

À présent, il a été réveillé par les princes de Sombreflot, une planète où la boue fait rajeunir tout être vivant ou non qui entre en son contact. Ce phénomène est exploité: la boue diluée se vend à prix d'or dans le monde entier, et fait une excellente crème pour le visage.
Les princes de Sombreflot ont réveillé Aldoran, car ils pensent être victime d'un complot visant à les renverser, mais ils ne savent pas d'où il peut venir. En effet, à certains moments, le noyau de la planète se met à aspirer les objets métalliques flottant à la surface de la mer de boue. Le magnétisme est si fort que tout objet métallique est attiré, même les humains qui se sont fait métalliser pour éviter la décomposition de leurs os, décomposition due à l'apesanteur.

Critique:
Voilà un roman de Brussolo comme je les aime! D'abord, il réussit à aborder des thèmes qu'il a déjà évoqués tout en les renouvelant. Le rajeunissement par la boue rappelle d'autres romans où on reste bloqués dans l'enfance par la volonté des hommes («Portrait du diable en chapeau melon», «L'oeil de la pieuvre»). Le pouvoir de la boue évoque «Le sourire noir» et son Amazing Diet, car c'est un peu le même schéma: on découvre quelque chose qui semble formidable, mais qu'on ne sait pas maîtriser, ou dont on refuse de voir les effets secondaires, parce que contrôler cette chose donne du pouvoir.

Le phénomène étrange de l'aspiration de ce qui est métallique, celui des os qui s'effritent sur la planète de Sombreflot m'a rappelé «Le rempart des naufrageurs» ainsi que «La petite fille et le doberman». Les phénomènes ne sont pas les mêmes, mais dans tous les cas, les éléments se déchaînent, et les habitants ne peuvent y faire face.
Je reste fascinée par cette capacité qu'a l'auteur de se diversifier, tout en utilisant certaines variantes ou thèmes peu éloignés.

Le personnage d'Aldoran est sympathique: il a les qualités de la plupart des personnages de Brussolo, tout en étant exempt de cette inertie que je reproche à certains. Il est foncièrement bon, il garde un certain optimisme malgré le monde qu'il côtoie.

Le livre ne souffre d'aucune longueur. l'intrigue se tient, la solution est ingénieuse, et j'ai pensé, après coup, que j'aurais dû la trouver.
Si le roman est sombre, comme tout livre de Brussolo, il est plus réaliste que d'autres, et n'est, finalement, pas si pessimiste que certains autres.
Voilà donc un bon thriller à la frontière entre la science fiction et le fantastique!

Note: J'ai lu ce roman dans le cadre du challenge Serge Brussolo organisé par Bambi Slaughter.

Éditeur: Denoël.
La version audio que j'ai entendue a été enregistrée par Marie-Philippe Lachaud.

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