La mort muette

Ce roman est le tome 2 d'une série. Il est préférable de lire la série dans l'ordre.

L'ouvrage:
Berlin, mars 1930.
Une équipe de police est chargée d'enquêter sur le décès de Betty Winter, morte pendant le tournage d'un film. Un projecteur est tombé sur elle, brûlant son visage. Affolé, son mari, Victor, l'a arrosée, ce qui l'a électrocutée. Le commissaire Gereon Rath mène l'enquête.

Critique:
C'est avec joie que je me suis replongée dans les péripéties de Rath. Je n'ai pas été déçue par ce tome 2. L'enquête est prenante, malgré le fait qu'elle soit très classique. Ce qui compte, ce n'est pas tant les faits que la manière dont ils se déroulent, la façon dont l'enquête est faite. Elle permet, entre autres, au lecteur de cerner davantage Rath. Dans le tome 1, on découvrait qu'il pouvait aller très loin pour une enquête. Ici, il m'a rappelé les policiers de certains romans. Cela ne m'a pas déplu, parce qu'il est épais. C'est un bon policier, mais il est faillible (on se demande s'il tirera des leçons de ses expériences), il n'a pas ce côté super héros qu'ont certains policiers, et qui me tape sur les nerfs. Il peut tomber dans le piège d'un journaliste peu scrupuleux, puis peut (à l'instar d'un enfant têtu) faire le contraire de ce qu'on lui demande, sachant que les conséquences seront rudes. En outre, même si des pans de son passé le perturbent, il ne passe pas son temps à se lamenter dessus. Contrairement à d'autres, il ne s'isole pas, même s'il aime bien faire cavalier seul. De plus, les passages ayant trait à la vie privée de Rath sont aussi creusés que le reste.

Comme dans le tome 1, Volker Kutscher ne se contente pas de conter une affaire, ce qui rend le tout plus crédible, ainsi que le fait que la passerelle entre la vie privée de Rath et ses enquêtes soit de plus en plus mince.

Le roman est long, mais il est exempt de temps morts, contrairement à beaucoup de livres du genre. C'est aussi ce qui fait sa force. L'auteur prend le temps de montrer la ville, les personnages, la vie de la préfecture de police. Montrant ses personnages dans diverses situations, il expose leur caractère, leurs sentiments. Sous sa plume, ils prennent vie. Le tout est arrosé d'une bonne dose d'humour, grâce à des répliques, à des situations... et à un «nouveau personnage» pour lequel votre coeur fondra à coup sûr!

Là encore, le romancier distille savamment une ambiance particulière: celle de la ville de Berlin au début des années 30. Il se penche sur le thème du cinéma. Le parlant est en train d'apparaître, et certains, ne jurant que par le muet, sont persuadés qu'il va disparaître. Aujourd'hui, cela fait sourire, mais il est vrai que lorsqu'une nouveauté apparaît, certains la décrient et la voient déjà aux oubliettes.

Le petit reproche que je ferai tient à ce qu'à l'instar d'autres auteurs, Volker Kutscher met en scène une personne traumatisée par son passé, et nous la montre lors de passages où son traumatisme est raconté par petites touches. C'est une méthode un peu facile qui commence à m'agacer, car on la retrouve trop souvent. Cependant, au milieu de tout le reste, cela passe.

Pour moi, cette série policière se démarque des autres, et j'ai la sensation que mes chroniques sont bien fades et peinent à démontrer ce que vous perdriez si vous ne la lisiez pas.

La version audio que j'ai entendue a été enregistrée par Éric Herson-Macarel pour les éditions Sixtrid.

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