l'enfant allemand

Note: Ce livre fait partie d'une série. Voici l'ordre dans lequel il faut lire les tomes:
La princesse des glaces
Le prédicateur
Le tailleur de pierre
L'oiseau de mauvais augure
L'enfant allemand

L'ouvrage:
Septembre.
Patrik est en congé paternité pendant quatre mois. C'est lui qui s'occupera de Maya pendant qu'Erica travaillera à son nouveau livre. La jeune femme reste préoccupée par ce qu'elle a trouvé dans le coffre, au grenier, peu après son mariage.

C'est alors que deux adolescents (Mathias et Adam), se mettent en tête de cambrioler la maison des frères Frankel. L'un d'eux, Eric, possède toute une collection d'objets datant de la seconde guerre mondiale. Quant à l'autre, Axel, il n'est pas là. Les deux jeunes gens auront la très mauvaise surprise de trouver le cadavre d'Eric.

Critique:
Si ce cinquième tome reste intéressant, il me semble qu'il est temps pour l'auteur de se renouveler un peu. Si je ne lui en veux pas, lorsque je trouve les solutions de ses énigmes, ici, j'ai été un peu agacée. D'abord, j'ai très vite trouvé quel était le secret que cachait l'ancienne bande d'amis. Cela ne m'aurait pas gênée si certains ingrédients n'étaient pas trop récurrents, à mon goût. D'abord, on retrouve (comme dans «La princesse des glaces»), des personnes minées par quelque chose qui est arrivé dans leur adolescence. Ensuite, l'auteur emploie une ficelle dont elle s'est abondamment servie, et qui, à mon avis, n'est valable qu'une seule fois. Elle nous raconte que l'un des personnages a trouvé quelque chose, et ne dit pas ce que c'est. Puis, elle passe à quelqu'un d'autre, qui finit par découvrir quelque chose, et ne nous dit pas quoi, etc. Ensuite, certains racontent leurs découvertes à d'autres, et c'est encore le lecteur qui est floué, car il ne sait toujours rien... Si on peut excuser cette façon de retarder les choses une fois, elle agace et lasse très vite! En outre, c'est un procédé très simpliste.
Ajoutons à ça une autre ficelle très éculée: celle du faux coupable. L'auteur lance son lecteur sur une piste, et ce n'est pas là qu'il faut chercher. Elle le fait finement, et la personne n'est pas toute blanche, mais c'est quand même exaspérant.

Camilla Läckberg sait raconter les histoires. Dans ce volume, elle m'a semblé bien plus à l'aise dans l'analyse des personnages que dans la création et la restitution d'une énigme. Comme dans les autres romans, j'ai trouvé très pertinente la façon dont elle aborde certains thèmes, parle de ses personnages. Il est passionnant de découvrir des personnages nuancés, guidés par ce qu'ils croient être juste, ou aveuglés par une rage et une souffrance qu'ils ont besoin d'exprimer. Si l'auteur explique leurs actes par leur passé, elle montre bien que quelqu'un se construit à partir de son environnement familial, mais aussi de sa personnalité.
Il est très ironique de voir comment la personne qui a tué Eric s'est comportée... sa psychologie est très intéressante, car cette personne ne voit pas qu'elle n'applique pas les mêmes paramètres à tous. Bien sûr, elle croit que soixante ans auparavant, elle a sacrifié un coupable. Elle n'a pas voulu chercher à savoir. En ne voulant pas écouter sa victime, ce protagoniste a agi exactement comme les barbares qu'il déteste.
Là encore, l'auteur aborde la famille sous de multiples formes. La famille, l'histoire, les caractères, les moeurs de l'époque... tout cela fait que l'intrigue se tient.
J'aime beaucoup la petite leçon que Karine donne à Patrik concernant la répartition des rôles pour s'occuper de Maya. Quand Patrik se défend en disant qu'avant, c'était pire, que les hommes ne s'occupaient pas du tout des enfants, on ne peut s'empêcher de penser à Hermann, qui le faisait par amour, et non parce que ça se faisait ou pas.
Des personnages se retrouvent enceinte sans l'avoir prévu. J'ai trouvé cela un peu gros, avec tous les moyens contraceptifs qui existent...
Un thème évoqué dans «L'oiseau de mauvais augure» est repris ici, et davantage exploité, celui de l'homosexualité.

J'ai trouvé lourd que l'auteur décrive deux accouchements à peu de temps d'intervalle. C'était peut-être voulu, afin de créer une espèce d'effet miroir, de montrer que certaines choses sont immuables. Cependant, cela m'a paru inutilement redondant.

Il est assez déconcertant de se dire que l'auteur n'exagère pas, lorsqu'elle décrit le groupe des Amis de la Suède. Je ne sais pas si ce groupe existe sous ce nom, mais il est évident que le racisme et le révisionnisme existent. C'est quelque chose que j'ai beaucoup de mal à admettre, car il semble que ces fléaux ne soient pas possibles à combattre. Malgré tout, certains s'obstinent à les répandre.

On retrouve les policiers avec plaisir. Comme dans le tome 4, l'auteur s'emploie à creuser le personnage de Gösta. Je trouve cela très bien fait. Même Melberg paraît un peu plus sympathique... Ces personnages nous montrent quelque peu leur passé, et commencent à réfléchir, à se bonifier un peu.
Il est un peu gros que personne n'ait pensé à certains éléments, et que seul, Patrik en ait l'idée... comme s'il était le sauveur du commissariat.

Je ne peux terminer cette chronique sans parler de l'humour omniprésent. C'est un des ingrédients récurrents dont je ne me lasse pas. Ici, on profitera de diverses situations, répliques, événements cocasses. Par exemple, l'anniversaire de Maya, ou encore ce que dit Erica lorsqu'elle découvre que Patrik a fait le ménage... Mais ce ne sont que deux petits exemples parmi tant d'autres dont le livre regorge. C'est le genre d'humour que je prise et dont je redemande!

La version audio que j'ai entendue a été enregistrée par Éric Herson-Macarel. Ce livre m'a été offert par les éditions Audiolib. Il sort en audio le 8 juin.

Vous savez qu'en général, je n'aime pas la musique dans les livres. Ici, elle n'est pas agaçante, car chaque pause musicale est très courte. En outre, selon les morceaux, le lecteur sait s'il va lire un moment présent ou passé. J'ai trouvé cela bien pensé.

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