L'ouvrage:
Isabelle Dignocourt est enseignante de lettres classiques depuis vingt-cinq ans. Ici, elle raconte son parcours, et explique (en donnant des exemples concrets) pourquoi l'Éducation Nationale va mal.
Critique:
L'une des raisons pour lesquelles je recommande ce livre, c'est qu'Isabelle Dignocourt expose les idées reçues que beaucoup ont quant au professorat, et démontre leur ineptie. Je caricature (à peine), mais on entend souvent un peu partout que les professeurs ne travaillent que dix-huit heures par semaine (ils refont toujours les mêmes cours, sont toujours absents, ont quatre mois de vacances...). À ces remarques, une de mes amies répond que ceux qui les font devraient suivre des professeurs pendant un an, ou même passer le concours.
D'autres réponses apportées par Isabelle Dignocourt concernant d'autres idées reçues me semblent tomber sous le sens. Par exemple, des personnes de mon entourage ne comprenaient pas le désarroi des professeurs à l'idée de faire de l'accompagnement personnalisé en classe entière, et donc de faire trois choses différentes, voire davantage. À ce sujet, Isabelle Dignocourt invite les gens à reconnaître qu'en tant que parent, il est toujours plus facile de s'occuper d'un enfant unique que de deux. C'est la même chose pour l'enseignant qui, lui, a au moins trente élèves par classe. Bien sûr, le contexte n'est pas le même, mais un enseignant voudra toujours être le plus à même d'aider tous ses élèves à progresser.
Tout au long de ce livre, d'autres idées reçues sont démontées.
D'autre part, l'enseignante fait l'historique des réformes qui se sont succédé à l'Éducation Nationale, et explique pourquoi, selon elle, elles sont inadaptées à la situation. Elles vont toutes dans le même sens, chacune allant plus loin que la précédente. Extérieurement, les professeurs y étant réfractaires semblent refuser de s'adapter pour le bien des élèves. Isabelle Dignocourt, s'appuyant sur son expérience, suggère de réformer dans l'autre sens. Si les enseignants ne veulent pas aller là où on veut les mener, pourquoi ne pas les écouter? Après tout, ce sont eux qui sont sur le terrain, ce sont eux qui expérimentent tous les jours l'impact négatif de ces décisions. L'état des lieux fait ici montre que toutes les réformes, couronnées par la dernière, poussent vers un extrême: en demander de moins en moins aux enfants (tant au niveau du travail que de la rigueur). De ce fait, ils en feront encore moins. C'est logique. Je pense que nous réagirions tous de la même manière. C'est humain.
Autre exemple, les projets culturels sont appréciés de certains. C'est une autre manière d'enseigner: on emmène les élèves en sortie (musée, cinéma, théâtre, spectacle...), puis on travaille sur ce qu'on a vu. Pourquoi pas? Cependant, Isabelle Dignocourt s'interroge sur l'intérêt de faire cela avec des élèves qui ne connaissent pas leurs conjugaisons, ne savent pas structurer leurs idées...
L'auteur décortique le texte de l'arrêté de la dernière réforme du collège. Ses explications sont claires. Elle en profite pour donner quelques exemples d'intitulés d'Enseignements Pratiques Interdisciplinaires proposés lors des formations, exemples qui m'ont fait frémir, parce que cela ressemble à des propositions d'animations de colonie de vacances.
Certains diront peut-être que l'auteur est alarmiste, et qu'elle n'a rien compris. Mais ceux-là ont-ils son expérience?
À lire d'urgence!
Ce livre est une lecture commune avec mon mari.
Service presse des éditions du Rocher.
La version audio que j'ai entendue a été enregistrée par mon mari.
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