Julie ou l'aventure de la juste distance : Une soignante en formation

L'ouvrage: Julie, vingt-deux ans, est infirmière en gynécologie. Cette année, elle a été inscrite à une formation sur la juste distance à prendre par rapport à son métier. Elle y rencontrera des personnes venant de divers services de l'hôpital. Chacun s'exprime, les caractères et les cultures se révèlent très différents.

Critique:
Malgré un petit défaut, je recommande la lecture de ce roman. Je lui adresse un petit reproche: parfois, l'auteur y va avec de gros sabots. Ce qu'il dit est pertinent, mais sa façon de le dire est parfois maladroite. On a un peu l'impression que le cheminement de pensée est amené de manière un peu grosse.

Malgré ce petit reproche, l'auteur fait quelque chose que j'aime beaucoup. En faisant se côtoyer des personnes venant de milieux différents, et ayant des caractères dissemblables, il force ses personnages à faire preuve d'empathie. Comme ces personnages s'écoutent les uns les autres, il leur est possible d'avancer, et de finir par comprendre et accepter le point de vue de l'autre. Il est par exemple très difficile pour Bernadette d'accepter qu'une jeune fille enceinte veuille se faire avorter: en effet, Bernadette voulait une famille nombreuse, et a eu du mal à avoir son seul enfant. Si j'ai compris son point de vue, j'ai eu la même réaction que Françoise lorsqu'elle a expliqué comment elle guiderait l'adolescente dans ses choix. Bernadette ne guidait pas, elle imposait en jouant à font la carte de la culpabilisation. J'aurais eu tendance à responsabiliser l'adolescente, à l'instar de Magali, mais de manière moins brutale. En effet, même s'il faut la guider, et tenter de ne pas l'influencer, il faut la sermonner en lui expliquant qu'au départ, elle est fautive d'avoir eu des rapports sans contraception. Je trouve quand même les arguments de Françoise et de Magali plus réalistes que ceux de Bernadette. Peut-être parce que je ne veux pas d'enfants... Au final, je suis d'accord avec la majorité qui approuve la neutralité de Claire.

J'ai donné cet exemple parce qu'il m'a semblé particulièrement pertinent, mais tout le livre est construit ainsi. La formation apprend aux personnages à s'écouter, à se remettre en question. Cela fait partie de cette distance qu'ils doivent prendre. Cela oblige aussi le lecteur à se remettre en question. Divers thèmes sont abordés, toujours de manière intéressante.

Certains personnages m'ont agacée, comme Magali ou Bernadette. Mais je pense qu'elles étaient là pour ça. Leur attitude (même si elles évoluent) montre comme il est frustrant qu'une personne ne veuille pas accepter le point de vue et le ressenti de l'autre, qu'une personne tente de substituer son ressenti à celui de l'autre, tentant de l'occulter sans être à l'écoute. Cela arrive tous les jours dans notre société, et pas seulement dans les hôpitaux. Bien sûr, les médecins et les soignants sont ceux qui doivent se montrer le plus empathiques possible, mais les gens de n'importe quel horizon devraient se pencher sur ce roman, et sur la leçon d'humilité qu'il donne. Chaque personnage exprime nos peurs, nos ressentis dans certaines situations. On s'identifiera toujours à l'un ou l'autre des personnages.

J'aime beaucoup la manière dont Irène termine la comptine. C'est globalement le tour que prend la formation. Cela montre le positif qu'ils en ont tiré.

Je n'ai pas vraiment compris pourquoi Françoise ne reprend pas des études de couturière, étant donné qu'elle a toujours aimé cela, et le montre.

Éditeur: Lamarre.
La version audio que j'ai entendue a été enregistrée par Martine Moinat pour la Bibliothèque Sonore Romande.

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