Je connais ton secret

L'ouvrage:
Londres.
Jo Ferguson, la trentaine, est journaliste. Elle est divorcée, et si elle écrit des articles, elle ne gagne pas très bien sa vie. C'est alors que son amie, Tabitha, lui propose de s'installer chez elle pour un loyer dérisoire. L'appartement est grand, et Tabitha est souvent absente. Jo accepte. Elle se plaît chez son amie.
Presque chaque pièce de l'appartement contient un assistant vocal. Peu de temps après son emménagement, Jo entend celui du salon s'adresser à elle, lui parler d'un événement appartenant à son passé, lui dire: «Je sais ce que tu as fait, je connais ton secret.»

Critique:
J'ai aimé les deux premiers romans de S. K. Tremayne, et mon mari m'a dissuadée de lire le troisième auquel il a trouvé des invraisemblances. Pour «Je connais ton secret», je ne me suis pas posé de questions, d'abord parce que son résumé me tentait, et aussi parce qu'il était enregistré par une lectrice bénévole dont j'apprécie beaucoup la lecture. Il m'a plu, même si j'ai quelques petits reproches à lui adresser.

L'auteur s'y entend pour créer une ambiance oppressante. L'étau se resserre autour de Jo, et pour ne rien arranger, le climat de la ville se met de la partie. On est en hiver. OR, Jo tombe sur un événement passé qui ne cessera de l'interpeller, qui a eu lieu non loin de son lieu de résidence, et qui est arrivé en hiver. En outre, il y a une scène où notre héroïne, effrayée, se retrouve dehors en pleine tempête, sûre qu'elle est traquée.

S. K. Tremayne puise dans des éléments qui deviennent de plus en plus réels pour construire son intrigue. Je parle des assistants vocaux. Ce roman va certainement renforcer les craintes de ceux qui appréhendent d'être espionnés par ce genre d'engins. Je me demande quand même si ce qui arrive dans ce roman est aussi facile à faire. Certes, l'auteur dit plusieurs fois qu'il faut être expert pour y parvenir, et il n'y a pas tant de personnes à ce point expertes, à mon avis. Certes, il en suffit d'une...
Détail amusant: en général, si on veut avoir un assistant vocal par pièce, on a le même. Je connais des personnes qui en ont deux différents, mais elles ont des raisons. Ici, Tabitha n'a aucune raison d'en avoir des différents. Pourtant, il y en a deux: Electra et Home Help. J'imagine que S. K. TRemayne n'a voulu mécontenter aucun des deux géants au profit de l'autre. ;-) J'ai bien aimé les noms qu'il a choisis pour ses assistants vocaux, car les clins d'yeux sont limpides.

Ce roman m'en a rappelé deux autres, «Défaillance» et «The starter wife», parce que dans chacun (même si c'est plus complexe dans «The starter wife») on se demande si l'héroïne est folle ou poussée à se croire folle. Dans le cas de Jo (tout comme dans celui de l'héroïne de «Défaillance») l'idée de la folie est renforcée par le fait que la personne concernée a des antécédents... J'ai très vite décidé de penser que Jo n'était pas folle. Dans ce cas, il fallait chercher le suspect dans son entourage. Cette ficelle est très souvent utilisée. Elle ne m'a pas trop plu, mais elle n'a pas été trop mal employée.

Polly m'a un peu agacée. Soit, il fallait bien qu'elle réagisse ainsi, afin que l'auteur ait un prétexte pour mettre des bâtons dans les roues d'un personnage. En plus, c'est crédible. Je ne sais pas pourquoi, Polly m'a énervée. Je la trouvais présomptueuse, et je me disais que si elle avait à ce point peur de Jo, si elle croyait vraiment que Jo était un danger, sa manière d'agir n'était certainement pas des meilleures ni des plus fines, si elle avait raison.

L'auteur s'attache, petit à petit, à priver Jo de toutes ressources. Il fait cela très bien. J'aurais quand même préféré qu'une personne soit épargnée.

Ce qu'on apprend vers la fin glace le sang. Cependant, je trouve que ce thème est de plus en plus utilisé. J'espère qu'à force de le rencontrer, je ne vais pas finir par le trouver galvaudé. J'espère, parce qu'il exprime une réelle souffrance, une réelle détresse...

J'ai été déçue qu'à la toute fin, l'auteur ne s'étende pas davantage sur les réactions des uns et des autres concernant Jo. J'aurais préféré qu'il le fît au lieu de s'attarder, en fin du dernier chapitre, sur la manière dont l'assistant vocal a pu faire ceci et cela (surtout que c'est incohérent, sachant ce qui est réellement arrivé) et sur la météo.

Éditeur: Presses de la cité.
La version audio que j'ai entendue a été enregistrée par Martine Moinat pour la Bibliothèque Sonore Romande.

Je suis toujours contente de retrouver Martine Moinat, car j'apprécie sa façon de lire, et souvent, elle me fait découvrir des livres vers lesquels je ne serais pas allée. Ici, je n'ai qu'un reproche à lui adresser: le fait de tenter un accent anglophone pour certains noms propres étrangers. Quel que soit le lecteur, je déteste cela.

Les éditions Lizzie ont sorti ce roman, et j'apprécie beaucoup le jeu d'Audrey d'Hulstère, la comédienne qui l'a enregistré, mais la BSR a fait enregistrer ce livre avant les éditions Lizzie, et Martine Moinat faisant partie de mes lecteurs favoris, j'ai lu le roman avant de savoir que Lizzie l'éditerait.

Lecture commune avec Miguel Auprèsdeslivres.

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