Ce qui mordait le ciel

L'ouvrage:
Les thomocks sont des pachydermes pacifiques. La Terre décide d'en envoyer certains sur Sumar, une planète en voie de développement. Avant cela, on leur injecte les vaccins réglementaires. Comme ce sont de gros animaux, la dose de vaccin est multipliée par cent.

Cinquante ans plus tard, l'inspection intergalactique se rend compte que, par erreur, les thomocks se sont vus administrer des «sépultures implantées» destinées à des guerriers qui ne souhaitaient pas que leurs corps soient dévorés par les charognards. Les sépultures implantées sont des minuscules morceaux de cristal. Quand le bénéficiaire de ce cristal meurt, celui-ci se développe, entourant le cadavre d'un cristal indestructible.

David est envoyé sur Sumar par la Terre afin de faire un bilan...

Critique:
Brussolo nous montre ici, comme dans certains autres romans, des personnages confrontés à une espèce de catastrophe naturelle (du moins, certains le croient), et agissant de diverses manières pour faire avec ou tenter de s'en débarrasser. Il y a les résignés qui essaient d'en tirer parti. Il y a aussi ceux qui imaginent de faire exploser le cristal. Ceux-là ne se rendent même pas compte de l'inutilité, voire du danger de leurs actes. On rencontre aussi ceux qui veulent provoquer des tremblements de terre qui avaleraient les montagnes cristallines... Il est fascinant de voir la façon de s'adapter des gens à une situation à laquelle ils ne peuvent rien changer. Toutes les manières dont les choses sont appréhendées sont intéressantes.
Comme dans d'autres romans, Brussolo part d'une idée, et développe, autour d'elle, un tas de conséquences et d'événements que le lecteur et les personnages ne peuvent prévoir, et qui sont, au final, très réalistes.
Si la folie engendrée par cette situation est montrée, je trouve qu'elle est moins exploitée que dans d'autres romans.

L'intrigue est solide et bien menée. Il n'y a pas de longueurs. On peut même dire qu'on n'a pas vraiment le temps de réfléchir: on se laisse porter par l'histoire. Le lecteur suit David qui va d'aventure en aventure, sans prévoir ce que sera le prochain événement. Connaissant Brussolo, je me suis doutée d'une chose, mais l'auteur ne fait pas languir le lecteur avant de la dévoiler, et elle relance l'intrigue.

Les personnages ne sont pas vraiment sympathiques, sauf David, comme souvent chez Brussolo, Il est le seul (outre quelques personnages secondaires) à être vraiment lucide. Il est parfois un peu mou, mais il sait agir quand cela devient nécessaire.
Les autres personnages sont portés par leur obsession (surtout Tessa et Modenko), et se révèlent égoïstes et lâches.
En tant qu'âme sensible, j'ai eu pitié des thomocks, victimes d'une erreur, et plus tard, des hommes.

Remarques annexes
On retrouve le nom Almoha, comme dans beaucoup de romans de Brussolo. Ici, c'est une faille, dans d'autres romans, c'est une planète.
La ville caoutchoutée est une idée que Brussolo réexploitera différemment, et développera, plus tard, dans «La forteresse blanche».

Note: On retrouve le personnage de David dans «Crache-béton» et «Capitaine suicide». Peut-être ces romans feront-ils l'objet de chroniques de ma part.

Note: J'ai lu ce roman dans le cadre du challenge Serge Brussolo organisé par Bambi Slaughter.

Éditeur: Fleuve Noir.
La version audio que j'ai entendue a été enregistrée par Marie-Philippe Lachaud.

Acheter « ce qui mordait le ciel » sur Amazon