L'ouvrage:
Blaze est grand, costaud, il en impose. Il n'est pas très futé parce que son père a endommagé son cerveau, lorsqu'il était enfant, en le jetant plusieurs fois dans les escaliers.
Aujourd'hui, il vit seul, et doit trouver comment se procurer de l'argent afin de vivre tranquille. Pourquoi ne pas mettre à exécution le plan que son ami George et lui projetaient: enlever le bébé d'une riche famille, et demander une rançon.
Critique:
Stephen King précise, dans sa préface, que ce livre est un fond de tiroir. Il l'a remanié, mais il le présente avec un peu de honte à son lecteur. Je le comprends, car le lecteur qui a aimé «Ça», «Misery», «Simetierre», et d'autres, seront peut-être déçus. Pour moi, qui n'ai pas du tout aimé les trois romans sus-cités, ce livre est une bonne surprise.
D'abord, il n'est pas trop long. On voit bien que l'auteur ne cherche pas à tout prix à remplir et à amasser les pages. Ensuite, le fantastique est bien exploité. Je reproche souvent son fantastique à Stephen King: je le trouve spectaculaire, voire inutile, et il me fait souvent soupirer d'ennui. Ici, c'est au lecteur de décider s'il est présent ou non. J'aime bien ce flottement. Je n'ai d'ailleurs pas décidé si c'était du fantastique ou une sorte d'intuition de Blaze. Qu'il y soit ou pas, il est là de manière subtile et crédible.
L'auteur centre son roman sur la psychologie de Blaze. Il fait cela intelligemment. Il nous présente d'abord ce géant amical (malgré ses actes, Blaze est un gentil), puis nous explique, par petites touches, comment il en est arrivé là. On pourrait dire que Blaze est né sous une mauvaise étoile, qu'il n'a fait que côtoyer les mauvaises personnes, même s'il a eu des amis. En effet, c'est rendu vraisemblable parce que ce n'est pas le pauvre Blaze contre tout le monde. Notre héros rencontre quand même des personnes qui le respectent et l'aiment sincèrement, mais cela ne suffit pas. On n'aura aucun mal à s'attacher à ce personnage complexe malgré son apparente simplicité. On ne pourra s'empêcher de compatir, et d'être touché par lui. La toute fin montre qu'une personne, au moins, se souciait encore de lui...
En général, je n'aime pas les retours en arrière dans les romans. Ici, ils étaient bien placés, et même si le présent nous révèle certaines choses, le passé n'est pas si redondant.
J'aurais aimé que la fin fût différente, mais je pense que j'aurais été la première à crier à l'invraisemblance si elle l'avait été. Il ne pouvait y avoir une autre fin que celle qu'a imaginée l'auteur.
Un Stephen King différent de ce pour quoi on le connaît habituellement. Un livre que je suis heureuse d'avoir tenté. À lire si vous êtes difficile quant aux écrits de cet auteur... et même si vous ne l'êtes pas!
Éditeur: Albin Michel.
La version audio que j'ai entendue a été enregistrée par Jean-Yves Fournier pour l'association Valentin Haüy.
Ayant été très déçue par plusieurs livres de Stephen King, je me suis décidée pour celui-là parce qu'il était lu par ce lecteur que j'apprécie. Là encore, il n'a pas démérité.
une réaction
1 De Neph - 05/08/2013, 18:53
Je découvre ta chronique sur Livraddict en postant la mienne. Je suis d'accord avec toi : la fin ne me satisfait pas vraiment, mais on se dit que n'importe quel revirement de situation n'aurait pas été possible. Le pauvre Blaze aura eu une triste vie !