À rebrousse-poil

L'ouvrage:
Début des années 60.
Catherine Loriot est institutrice. Cette année, elle enseigne en banlieue parisienne. Elle n'est pas préparée à ce qu'elle va découvrir: élèves chahuteurs, ne faisant pas grand cas de l'apprentissage et de l'autorité, parents prêts à sauter à la gorge de quiconque tentera d'éduquer leurs rejetons...

Critique:
J'ai d'abord apprécié l'absence de manichéisme de ce livre. Les enfants sont «terribles», mais en creusant, Catherine découvre qu'il y a des raisons à cela. Elles sont assez banales, malheureusement: les parents ne s'occupent pas de leurs enfants. C'est ici que les arguments deviennent un peu trop tranchés. Catherine et d'autres disent que c'est à cause du progrès qui pousse les femmes à travailler, et que cela n'arriverait pas si les mères ne travaillaient pas. L'argument est très simpliste, mais il ne faut pas oublier que le livre se passe dans les années 60. Il est évident que des parents qui travaillent auront moins de temps pour leurs enfants, cependant, je sais que là n'est pas tout le noeud du problème. J'en connais qui travaillent et dont les enfants sont aimés et éduqués. Et je connais également la situation inverse.

Il est assez effrayant de voir que de nos jours, on ne retrouve pas seulement ce comportement des élèves dans des établissements dits défavorisés... Je n'ai pas encore eu les élèves qui s'allongent par terre ou qui sortent de la classe pendant le cours, mais je ne m'étonne plus de rien... J'ai partagé le désarroi de Catherine en pensant à mon expérience. J'ai également compris et approuvé le fait qu'elle tente plusieurs approches. Malgré ses déconvenues et ses convictions, elle veut encore se faire entendre des élèves, veut les guider et leur apprendre des choses. J'ai notamment souri lorsqu'elle leur parle à leur manière.
Je me doutais de ce qui se passerait le jour de l'inspection de la jeune femme. Elle est tombée sur des élèves qui ont un bon fond, ce qui n'est pas toujours le cas.

Si les opinions de l'institutrice sont parfois tranchées (n'oublions pas son avis catégorique sur la ville corruptrice et la campagne bienfaitrice), celles d'Albert ne le sont pas moins. Il sait que les enfants ne sont pas encadrés comme il le faudrait chez eux, alors, il excuse tout. Il est vrai qu'il obtient des choses d'eux en les respectant et en leur montrant une sincère affection. Oui, mais l'instituteur ou le professeur ne peut pas jeter l'encadrement aux orties. Albert peut se permettre de jouer avec les enfants, pas Catherine.
Comment ne pas comprendre le renoncement des collègues de la jeune femme? Il est difficile de baisser les bras, de se détacher, mais parfois, c'est le seul moyen qu'on a de garder son équilibre mental.

Parmi les rencontres de notre héroïne avec les parents d'élèves, il en est des houleuses, des amères, des tristes, mais aussi des cocasses. Par exemple, celle de la mère qui expose son point de vue en truffant son discours de fautes de français et en simplifiant les choses au maximum. Tout en se désespérant du raisonnement, on ne pourra s'empêcher de rire...

Le livre m'a plu, mais j'y ai trouvé quelques lenteurs. À un moment, il me semblait que les choses piétinaient. De plus, Albert m'a agacée. Catherine aussi, mais il me semble qu'elle évolue davantage que lui.

Éditeur: Anne Carrière.
La version audio que j'ai entendue a été enregistrée par Bernard Delannoy pour la Bibliothèque Sonore Romande.

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