A l'image du dragon

L'ouvrage:
Deux peuples se partagent la planète. L'un d'eux est celui des hydrophobes: ils ne supportent pas l'eau. Elle les fait gonfler jusqu'à ce qu'ils éclatent. Ils ne peuvent s'épanouir que sous une extrême chaleur sèche et un soleil de plomb. Cela les revigore.
L'autre peuple est celui des gens de la pluie. Ils n'aiment pas le soleil, mais peuvent s'en protéger, et il n'est pas mortel pour eux.
La planète vit au rythme de deux saisons, celle du soleil et celle de la pluie. Chaque peuple hiberne selon la saison.

Le peuple des hydrophobes se sent menacé par les gens de la pluie qui envoient des dragons les tuer. Les chefs forment des chevaliers quêteurs qui vont par les routes, et tuent les gens de la pluie pendant que ceux-ci hibernent.

Critique:
Ce livre est court, et malgré un début qui peut paraître lent, il n'y a pas de longueurs. Brussolo nous présente les deux peuples, surtout celui des hydrophobes. Je suis toujours fascinée lorsqu'un auteur invente un peuple et sait le décrire de telle manière qu'il semble réel. Ici, c'est le cas.
L'auteur entremêle l'histoire des peuples à celles des deux personnages, Nath et Boa.

Utilisant un décor et deux peuples imaginaires, Brussolo décline l'un des thèmes qu'il abordera souvent: l'embrigadement. Comme d'habitude, il fait cela très bien. Le lecteur aura vite compris que les chefs excitent les jeunes garçons inexpérimentés, instillant la peur et la haine en eux. Quoi de plus facile à faire lorsqu'on s'exprime avec sérieux et conviction, et qu'on s'adresse à des personnes qui n'y connaissent pas grand-chose?

Nath est intéressant. Il est endoctriné, mais réfléchit après que les renégats lui ont parlé. Le personnage est bien analysé: il est d'abord sûr de lui, puis désorienté, puis tente de réfléchir, et même quand il doute, il argumente, cherche à comprendre. Ce cheminement est intéressant.
Nath s'oppose à Boa qui reste confinée dans un raisonnement, obsédée par une idée fixe. Elle aurait pourtant plus matière à s'interroger que son compagnon. Peut-être ne supporterait-elle pas la vérité. En effet, lorsqu'on découvre qu'on vous a menti depuis tout ce temps, qu'on vous a endoctriné, il n'est pas facile de voir s'écrouler ses certitudes. Cette attitude m'a étonnée de la part de Boa, d'abord parce qu'elle semble avoir un caractère bien trempé, mais aussi parce qu'en général, les personnages de Brussolo font comme Nath. Je m'attendais à ce que Boa réagisse comme lui.

La fin n'est pas vraiment brussolienne. D'abord, elle est ouverte. Ensuite, elle présente une option optimiste.

Note: J'ai lu ce roman dans le cadre du challenge Serge Brussolo organisé par Bambi Slaughter.

Éditeur: Fleuve Noir.
La version audio que j'ai entendue a été enregistrée par Marie-Philippe Lachaud.

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