Les menteurs

L'ouvrage:
C'est Noël. Gobbel et Blunt sont agents de police. Ils sont à présent devant la maison de Balthasar et Shirley. Ils doivent leur annoncer la mort de leur fille, Carol, dans un accident de voiture. Seulement, ils trrouvent tellement affreux qu'on perde un enfant le soir de Noël qu'ils ont du mal à délivrer la nouvelle.

Critique:
Si certains aspects de la pièce sont un peu déroutants, c'est un vrai moment de détente et de rire. On retrouve un parfum de Ionesko et de Beckett qui n'a pas été pour me déplaire. J'ai aimé que malgré le côté déjanté, le tout garde une certaine logique. J'aime l'absurde, mais je trouve que la logique dans l'absurde (comme c'est le cas ici), est bien plus intéressante que l'absurde qui part dans tous les sens et ne veut plus rien dire.

Parmi les ressorts comiques, on trouve le quiproquo. Anthony Neilson en use avec brio, surtout quand Blunt et Balthasar croient parler de la même chose, au début. Ensuite, certaines choses traînent un peu, et les quiproquos sont un peu moins réussis, mais ils restent drôles et à propos.

On trouve également des dialogues truculents, surtout entre les deux policiers. C'est surtout ces dialogues qui m'ont rappelé «En attendant Godot». On retrouve la même ambiance et le même genre de questionnements lorsque Vladimir et Estragon se parlent.
Quant aux personnages, c'est sûrement Gronya qui fera rire par ses manières et son aspect.

Il y a également le comique de situations. Certaines sont un peu grosses: par exemple, le pasteur arrive au moment où Shirley lève ses jupes devant les policiers, et il est facile pour lui de déduire qu'ils l'agressent. Cependant, cela va bien à l'ambiance générale de la pièce. C'est le cas de beaucoup de situations rocambolesques. Elles sont placées avec à propos, et malgré le côté un peu cliché de certaines, le rire est au rendez-vous.
Parmi les situations mémorables, je retiendrai celle où le pasteur s'assure qu'il a été frappé avant de s'évanouir.

Cette pièce se veut légère, et donc, rit de tout ce qu'elle aborde. C'est bien. Cependant, elle traite un sujet assez délicat, et la façon dont Gronya finit par le prendre pourrait ne pas être au goût de tous. Bien sûr, il faut pousser le raisonnement plus loin: l'attitude de Gronya n'est que le reflet de celle de certains. Que le spectateur soit choqué de sa réaction finale, alors qu'elle semblait prête à faire régner la justice, est peut-être voulu: l'auteur souhaitant, par là, montrer au spectateur l'hypocrisie et la duplicité de certaines personnes.

C'est une pièce de théâtre. Elle est donc faite pour être jouée. De ce fait, je me suis souvent imaginé les comédiens disant telle réplique, faisant tels gestes. Il me semble que pour que l'humour soit le plus marquant possible, ils ne devront pas surjouer. Plus ils auront l'air naturel, plus cela sera drôle.

La version audio que j'ai entendue a été enregistrée par mon mari.
Ce livre m'a été offert par les éditions Intervalles

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