mardi, 17 décembre 2019

Le pays de la liberté, de Ken Follett.

Le pays de la liberté

L'ouvrage:
Écosse, fin des années 1760. Mack et sa sœur jumelle travaillent dans les mines de charbon appartenant aux Jamisson. Mack se prépare à annoncer qu'après avoir écrit à un avocat londonien, il a reçu une réponse expliquant que si elle cessait de travailler pour un propriétaire minier dès ses vingt-et-un ans, une personne était libre. Tous ceux qui travaillent dans les mines des Jamisson, et n'ont pas encore vingt-et-un ans, comptent bien profiter de cette information.

Critique:
Je pense que j'aurais adoré ce livre lorsque j'étais adolescente. Il m'a un peu rappelé les sagas dans lesquelles j'aimais me plonger. Il arrive sûrement trop tard, car il ne m'a pas vraiment plu. J'ai trouvé qu'il était trop facile de ne pas aimer les «méchants» avides de pouvoir et d'argent. C'est peut-être un peu plus nuancé pour les «gentils», comme Lizzie, parce qu'au début, elle regarde avec un brin de mépris ceux qui déplorent leur sort de travailleurs de la mine. En outre, j'ai trouvé qu'elle tombait un peu vite amoureuse de celui qu'elle épouse. Étant donné que celui-ci ne se montrait pas vraiment sous un bon jour, je ne comprenais pas ce qu'elle lui trouvait. Certes, avec elle, il était sympathique, mais pour moi, il aurait dû être aisé à Lizzie de voir comme il l'était peu en réalité.

La première partie m'a paru lente. Je ne m'attachais pas aux personnages (sauf un peu à Mack et à Lizzie), l'histoire me paraissait prévisible, les Jamisson me cassaient les pieds... Ensuite, les choses se sont un peu arrangées, mais cela n'est pas allé jusqu'à me faire beaucoup aimer le roman. J'ai trouvé la fin un peu rapide. J'aurais voulu savoir comment se passent les choses ensuite. On me dira que je suis en plein paradoxe: je n'ai pas trop apprécié le roman, et j'aurais voulu une fin plus développée. ;-) C'est vrai que cela semble étrange. Cependant, plus le livre avançait, plus je l'appréciais. Je pense que c'est la raison pour laquelle j'aurais aimé une fin plus développée.

Je ne connaissais pas du tout la condition des personnes travaillant pour un riche propriétaire minier à cette époque. J'ignorais totalement que la loi disait qu'à vingt-et-un ans, on était libre de ce joug, à condition de ne pas travailler plus d'un jour après cet anniversaire.

Service presse des éditions Audiolib.
La version audio que j'ai entendue a été enregistrée par Jean-Philippe Renaud.

Je ne connaissais pas du tout ce comédien. J'ai apprécié sa lecture. Il est tout de suite entré dans le roman, et a bien rendu sentiments et émotions. Il n'a pas modifié sa voix à outrance pour les rôles féminins. Je l'entendrai à nouveau avec plaisir.
Comme je pinaille, je n'ai pas aimé qu'il prononce le «t» de Robert. Au moins, il n'a pas fait le «r» anglophone...

Pour information, la structure du livre n'est pas respectée: certains chapitres sont coupés en plusieurs pistes.

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jeudi, 31 janvier 2019

La marque de Windfield, de Ken Follett.

La marque de Windfield

L'ouvrage:
Angleterre, collège de Windfield, 1866. Dans les bois près de l'établissement, se trouve un trou d'eau. Ce jour-là, les collégiens n'ont pas le droit de s'y baigner, n'étant pas autorisés à quitter l'école. Micky Miranda, ayant trop chaud, décide de braver l'interdit. Il entraîne son camarade, Edward (appartenant à la riche famille de banquiers Pilaster). Là-bas, ils découvrent que trois autres adolescents (dont Hugh, cousin d'Edward) ont eu la même idée qu'eux. Edward s'amuse alors à jeter les habits de ses camarades dans l'eau, ce qui engendre une bagarre. Hugh parvient à récupérer ses affaires et à s'enfuir avant la fin des hostilités. Par la suite, il apprend que l'un de ses deux compagnons, Peter, s'est noyé. Cela lui semble suspect pour plusieurs raisons, mais à ce moment, il n'a pas le temps de creuser cette histoire, car le même jour, on lui annonce que son père, ruiné, s'est suicidé.

Critique:
Je sais que Ken Follett a touché à plusieurs genres. Par exemple, j'ai adoré les deux premiers tomes de «Les piliers de la terre» qui se passent dans l'Angleterre des années 1120 et plus puis 1320 et plus. Ici, l'époque et les gens sont totalement différents, et le livre m'a beaucoup plu, même si, en bonne pinailleuse, j'ai quelques petites remarques. Commençons par cela: j'ai trouvé dommage que les «méchants» ne soient pas un peu punis au long du livre, notamment deux personnages vraiment horribles dont j'aurais aimé qu'ils reçoivent certaines déconvenues bien avant la fin. On me dira que cela arrive lorsque l'une d'eux n'obtient pas ce qu'elle veut concernant Nora et que, de ce fait, les conséquences ne sont pas celles qu'elle espérait. Certes, mais de toute façon, n'aimant pas Nora, j'aurais préféré qu'elle ne fasse pas partie du paysage. J'ai quand même été contente qu'elle réussisse à damer le pion à la méchante. Quant à l'autre personnage immonde, il obtient toujours ce qu'il veut... du moins, sur une trop grande partie du roman. D'autre part, j'aurais aimé qu'un couple se forme bien plus tôt, et qu'on puisse profiter de scènes où les deux personnages sont heureux ensemble.

Le roman est assez épais (plus de 18h en audio) et pour moi, ne souffre d'aucune longueur. Bien sûr, je pestais lorsque l'auteur passait délibérément d'un moment où des choses importantes allaient être dites à d'autres personnages dont la vie était (à mes yeux) moins intéressante. Je sais que cela est fait exprès, que beaucoup d'auteurs font ainsi, mais certains s'arrangent pour que cela soit un peu moins flagrant. En fait, je pestais surtout quand j'arrivais aux chapitres montrant les «méchants» que je n'aimais pas.
«Allons donc, ils vont encore intriguer, manipuler, empêcher de bonnes choses d'arriver! grognais-je.»
De toute façon, j'ai fini par apprécier ces moments parce qu'ils faisaient avancer l'intrigue. Elle est d'ailleurs très réaliste, il n'y a pas d'incohérences. Chaque personnage est analysé, bien exposé. Quant aux péripéties, elles s'enchaînent avec fluidité et sont toujours crédibles. Entre chaque partie, il s'écoule plusieurs années. Je pensais que ces ellipses m'ennuieraient, mais cela n'a pas été le cas. Pourtant, je n'aime pas du tout les sauts si importants dans le temps. Par exemple, il se passe onze ans entre la fin d'une partie et le début de la suivante. L'auteur a fait en sorte que ces ellipses ne fassent pas ressembler son roman à du gruyère. ;-)
À un moment, je me suis demandé comment l'écrivain allait se débarrasser de certains personnages. J'imaginais que ceux-là finiraient par disparaître. J'avais peur qu'il fasse n'importe quoi, mais non. Pour l'un d'eux, il a trouvé les bonnes circonstances, et ce qui arrive n'est pas du tout incongru. Quant à l'autre, Ken Follett a méticuleusement préparé ce qui finit par advenir.

Après avoir bien craché sur les méchants, je ne peux pas trop dire qui ils sont, sinon, ceux qui n'ont pas lu le roman n'auront pas de surprises. Je vais donc citer quelques «gentils» (mais pas tous). Bien sûr, j'ai apprécié Hugh (le personnage principal) qui, malgré un tempéramment parfois un peu dur, tente toujours de faire au mieux, pense à ceux qui le méritent, et ne tend pas l'autre joue à ceux qui l'ont piétiné. J'ai très vite apprécié Maisie qui s'écarte de la personne vénale qu'elle pensait être. À mesure qu'elle évolue, elle se rend compte qu'elle a une conscience, des sentiments, et elle finit par refuser d'être la garce qu'elle imaginait avoir le droit d'être. L'auteur a fait en sorte que le revirement de Maisie soit crédible. Elle n'a pas du tout l'air d'une midinette au coeur en shamallow. D'ailleurs, elle fait de son mieux, mais accepte une situation qui l'avantage et qu'elle pouvait refuser. Bien sûr, si elle avait agi ainsi, le lecteur n'y aurait pas cru. Le personnage est donc à la fois vraisemblable et sympathique. C'est là toute la force de l'auteur et tout le charme de Maisie.
D'autres personnages m'ont plu, comme Rachel ou Solly... Quant à Emily, elle est un peu naïve au départ, mais fait preuve d'une grande force de caractère, et est attachante. J'ai aussi apprécié qu'un personnage finisse par reconnaître ses erreurs.

J'ai trouvé une petite incongruité: il est un peu étrange qu'une famille sud-américaine ait pour nom Miranda, ce qui fait davantage anglais qu'espagnol...

Un très bon moment de lecture!

Service presse des éditions Audiolib.
La version audio que j'ai entendue a été enregistrée par Thierry Blanc.
Je ne connaissais pas du tout ce comédien. J'ai beaucoup apprécié son interprétation. Trouvant toujours le ton adéquat à la fois pour les émotions des personnages et la narration, il évite habilement le surjeu et la monotonie. En outre, il joue les protagonistes féminins d'une manière très naturelle, sans pousser sa voix dans les aiguës. Comme je suis pénible sur un certain sujet, je ne peux m'empêcher de l'évoquer: je n'ai pas aimé qu'il prononce certains noms anglais en prenant un accent. Cependant, il n'en fait pas trop, donc c'est passé. De plus, il fait malheureusement partie de ceux qui croient qu'il faut prononcer «Migouel» pour Miguel afin d'adopter une consonance espagnole...
J'espère que Thierry Blanc enregistrera d'autres livres qui me tenteront.

Pour information, la structure du livre n'est pas respectée. Il est divisé en parties, elles-mêmes divisées en chapitres constitués de sous-chapitres. Certains de ces sous-chapitres sont coupés en deux pistes.

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jeudi, 13 août 2015

Chère Laurette, tome 4: La fuite du temps, de Michel David.

Chère Laurette, tome 4: La fuite du temps

L'ouvrage:
1966.
Les enfants Morin ont grandi. Certains sont mariés. Jean-Louis, Gilles et Carole vivent encore chez leurs parents. Carole a un petit ami que ceux-ci n'apprécient pas vraiment...

Critique:
Ce roman, qui clôture la saga «Chère Laurette», est, à mon sens, égal aux trois autres. J'apprécie que l'auteur ait écrit une saga dont tous les tomes sont dans le même esprit. J'ai lu beaucoup de séries qui n'étaient pas égales et qui, de ce fait, étaient décevantes.

J'ai été ravie de retrouver la famille Morin. La vie de la famille a quelque peu changé, puisque certains enfants sont mariés. Cependant, leurs relations sont peut-être plus étroites que lorsqu'ils vivaient sous le même toit. Par exemple, Laurette est beaucoup moins injuste envers Richard. La famille reste très soudée. Ses membres sontS toujours prêts à s'entraider, et surtout à rendre service à Gérard et Laurette.

Les personnages sont égaux à eux-mêmes. Je n'apprécie toujours pas Jean-Louis. Pourtant, avec le temps et les événements, ses défauts s'atténuent un peu.
Le lecteur éprouvera de la compassion pour Carole. Les choses ne sont pas simples pour elle. Je sais que ce qui arrive vers la fin est pour le mieux, mais je me dis que les personnages auraient peut-être pu faire preuve de davantage d'empathie vis-à-vis d'elle. Ils auraient pu être un peu plus souples. Laurette, par exemple, ne pense qu'à son bonheur d'obtenir finalement ce qu'elle veut, mais ne pense pas à Carole. Personne ne propose un arrangement... On me dira qu'à l'époque, cela ne se faisait pas. Certes, mais dans la famille Morin, on est en avance sur beaucoup de choses, alors pourquoi pas ici? Bien sûr, un autre arrangement aurait peut-être lésé d'autres personnages...
Pour moi, Denise est toujours un peu gourde. Cependant, elle acquiert un peu de personnalité.
Laurette est à la fois drôle et agaçante. Sa mauvaise foi est souvent pénible. En outre, elle est un peu trop sur le devant de la scène. Bien sûr, son fort caractère l'explique, mais c'est parfois un peu trop marqué. Par exemple, elle pense tout le temps qu'on va oublier son anniversaire, que Gérard va oublier leur anniversaire de mariage... et bien sûr, cela n'arrive pas. Elle reçoit toujours des cadeaux montrant l'attention des siens. Or, on ne voit jamais Gérard recevoir de cadeaux pour son anniversaire, ni les autres membres de la famille... À un moment, l'auteur rattrape un peu cela dans ce tome, d'ailleurs.

Il me semble que dans ce tome, l'humour est davantage présent. C'est surtout Laurette qui provoque le rire. J'ai d'ailleurs eu un fou rire lors de la soirée que le couple passe dans un restaurant huppé de la ville. D'abord, il y a un décalage entre eux et ce genre d'établissement. Ensuite, Laurette (toujours très naturelle, et faisant fi des conventions) se fait fatalement remarquer. Pour donner d'autres exemples, avec le temps, la messe change: elle n'est plus en latin, etc. Laurette commente tous ces changements avec son bagout habituel. Il y a encore beaucoup d'exemples de situations très drôles (le week-end dans le chalet, le mariage, etc).
L'auteur joue également sur le comique de répétition. En effet, lorsqu'il est question de Colombe, Laurette lui reproche toujours les mêmes choses. C'est amusant parce qu'à chaque fois, le lecteur assiste à ce qui fait qu'ensuite, Laurette grogne après sa belle-soeur. Cela renforce la complicité entre le lecteur et Laurette.

Éditeur: Hurtubise.
La version audio que j'ai entendue a été enregistrée par Jacqueline Duperret pour la Bibliothèque Sonore Romande.
J'ai été contente de retrouver cette lectrice sur le tome 4. Pour moi, elle entre bien dans la peau des personnages, notamment lorsqu'il s'agit des dialogues.

Pour les trois premier tomes, il y avait un fichier par chapitre. Ici, les chapitres ont été découpés. Je n'aime pas qu'un chapitre fasse plusieurs fichiers: comme je l'ai déjà dit, je trouve que ce n'est pas propre, et qu'en plus, cela ne respecte pas la structure du livre papier. Je n'ai pas compris le choix de découper les chapitres de ce roman... Peut-être certains auditeurs des tomes précédents ont-ils trouvé que les fichiers étaient trop gros, qu'un fichier de plus d'une heure, c'était trop long. Si c'est l'explication, je ne la comprends pas. En effet, je fais partie des personnes qui se passent très bien du format DAISY, mais si j'ai bien compris, le format DAISY permet justement de se repérer, et d'atteindre un point donné très facilement. Dans ce cas, pourquoi couper les chapitres en plusieurs fichiers?

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lundi, 10 août 2015

Chère Laurette, tome 3: Le retour, de Michel David.

Chère Laurette, tome 3: Le retour

L'ouvrage:
Printemps 1956. Laurette travaille depuis trois ans. Ses enfants l'aident: certains ont de petits boulots. Ceux qui continuent leurs études font quelques tâches ménagères.

Critique:
À l'instar du tome 2 de la saga, ce roman se déroule sur un an. Au rythme des saisons on retrouve le quotidien de la famille Morin avec plaisir: leurs joies, leurs peines, le tout saupoudré d'une bonne dose d'humour. Les enfants sont égaux à eux-mêmes. Je n'ai pas été surprise du comportement de Jean-Louis. Richard et Gilles restent mes personnages favoris. Richard se démarque. Outre son fort caractère, il a le don de se mettre dans des situations délicates: voir sa mésaventure avec la crèche, lors de la fête de Noël...
Denise est toujours aussi godiche.
Ce tome permet de découvrir Carole qui a grandi. Elle commence à s'affirmer. Je ne l'ai pas trouvée aussi gourde que sa grande soeur.

Quant à Laurette, si elle reste impétueuse, râleuse, et de mauvaise foi quand Jean-Louis est impliqué, elle semble moins bornée, comme si elle s'améliorait avec l'âge. D'ailleurs, les relations ne sont plus aussi houleuses entre elle et sa belle-famille. À ce sujet, dans les deux premiers tomes, la mère de Gérard s'appelle Lucie, et dans ce tome, c'est Lucille...

Il est intéressant de voir le contexte historique: certaines choses (la télévision, le supermarché) commencent à apparaître, ot on découvre les avis, parfois tranchés, des premiers à connaître ces nouveautés.

Les dialogues sont toujours aussi vivants. L'auteur a d'ailleurs pris soin de faire s'exprimer ses personnages selon leur «milieu» ou leur évolution. Par exemple, Carole, qui poursuit ses études, utilisera un peu moins la langue populaire que ses parents.

Au long du livre (tout comme dans les tomes précédents), j'ai trouvé des erreurs de syntaxe. C'est souvent des maladresses, comme s'il n'y avait pas eu relecture. Exemple: «Après le départ de sa fille, Laurette alluma une cigarette, après avoir déplacé légèrement sa chaise berçante pour ne pas bloquer le passage aux rares passants qui auraient eu besoin d'emprunter le trottoir sur lequel elle était installée.»

Éditeur: Hurtubise.
La version audio que j'ai entendue a été enregistrée par Martine Nicollerat pour la Bibliothèque Sonore Romande.
J'ai été déstabilisée par le changement de lectrice. En général, Jacqueline Duperret (qui semble adepte des romans québécois, et à qui les séries contenant plusieurs gros tomes ne font pas peur) lit tous les tomes d'une série. Je n'ai pas compris pourquoi elle n'avait pas enregistré «Le retour», d'autant qu'elle a lu le dernier tome de la saga.
Par ailleurs, Martine Nicollerat s'est attachée à préciser «italique» et «fin de l'italique» pour les mots en italique dans le roman. Idem pour les mots ou expressions entre guillemets. J'ai déjà remarqué que certains lecteurs bénévoles faisaient cela. Je ne sais pas si cette directive leur a été donnée ou s'ils ont pris l'initiative eux-mêmes pensant bien faire, et je ne sais pas ce qu'en pensent les autres auditeurs, mais pour ma part, je trouve cela extrêmement désagréable pour plusieurs raisons. Cela alourdit le texte et de ce fait, le rend moins «naturel». Imaginez un dialogue durant lequel la lectrice s'interrompt pour donner ces indications. D'autre part, j'ai eu l'impression d'être prise pour une andouille qui n'était pas capable de deviner qu'ici, il y avait un titre, que là, il y avait un mot anglais, là une citation... Normalement, le ton du lecteur laisse deviner ce qui pourrait être sujet à confusion. Par exemple, ici, Gérard lit «la Presse». D'après la manière dont le disait Jacqueline Duperret, j'avais bien compris que c'était le nom d'un journal et non la presse en général. D'ailleurs, si le lecteur veut lever la confusion, il peut faire une «note du lecteur» en début d'enregistrement, mais uniquement pour les rares cas où il peut y avoir confusion. Idem pour les cas où des personnes sont citées... par exemple, lorsque Laurette cite Colombe en la singeant et en minaudant, il sera beaucoup plus intéressant que le lecteur prenne une intonation appropriée plutôt que de préciser «guillemets ouverts» et «guillemets fermés». Enfin, en tant qu'auditrice, savoir que les mots ou expressions anglophones sont en italique ou entre guillemets ne m'apporte absolument rien.
Si cette lecture m'a été pénible à cause de ces indications superflues, j'imagine que cela a dû être extrêmement laborieux pour la pauvre Martine Nicollerat...
Malheureusement pour moi, elle prononce les mots anglophones en y mettant l'accent. Jacqueline Duperret le faisait un peu, pour «running shoes», par exemple, mais cela restait discret. Ici, j'ai trouvé que c'était exagéré.

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jeudi, 6 août 2015

Chère Laurette, tome 2: À l'écoute du temps, de Michel David.

Chère Laurette, tome 2: À l'écoute du temps

L'ouvrage:
1952. Suite de la vie de la famille Morin.

Critique:
Je pense avoir préféré ce tome à «Des rêves plein la tête», que j'ai beaucoup aimé. Je reprochais au tome 1 de trop s'étaler dans le temps. Le tome 2 est aussi épais et se déroule sur un an, ce que j'ai beaucoup apprécié. L'ambiance est toujours la même. Le roman est toujours porté par des dialogues savoureux et des situations souvent cocasses. L'auteur prend le temps de dépeindre les conditions de vie de ses personnages. La famille Morin est dans le même appartement depuis vingt ans, et n'a pas beaucoup d'argent. Cela fait que les personnages font de leur mieux. D'1n autre côté, la soeur de Gérard (Colombe) et son mari ont davantage d'argent, et pas d'enfants. Ils n'hésitent pas à étaler leurs richesses devant Gérard et Laurette. De ce fait, Laurette oscille entre honte de sa condition et envie de celle de sa belle-soeur. Cela se comprend.

Parfois, une situation engendrée par la pauvreté de la famille est source de rire. Par exemple, personne ne va chez le dentiste, car c'est bien trop cher. À un moment, Gilles doit se faire arracher plusieurs dents. Il est effaré de ces «trous» à la place de ses dents. C'est alors que Richard, goguenard, lui dit qu'il pourra toujours emprunter le dentier de Gérard pour séduire les filles.

Ce tome se déroule «tranquillement», et est rythmé par le quotidien de la famille (l'école, les premières amours, les disputes entre frères et soeurs). Cela m'a beaucoup plu, car c'est raconté d'une plume alerte et réaliste. En outre, l'intérêt est relancé par une facétie du destin: Gérard et Laurette vont devoir héberger Lucie (la mère de Gérard) pendant presque trois semaines. Cela n'ira pas sans heurts. Certaines scènes sont (comme je m'y attendais) amusantes, mais j'ai surtout retenu le fait que la famille fait beaucoup de concessions, et que si Lucie les voit et semble les prendre en compte, elle ne peut s'empêcher d'être blessante. Par exemple, elle affirme qu'une demoiselle doit savoir jouer du piano, alors qu'il est évident (même pour quelqu'un qui n'est pas très futé) qu'il serait impossible à Gérard et Laurette de faire ce genre de dépenses. En outre, l'auteur souligne que Lucie ne s'est jamais montrée très aimante et généreuse avec ses petits-enfants, à l'inverse des parents de Laurette.
Enfin, Lucie ne peut s'empêcher de faire enrager sa belle-fille. Elle a d'ailleurs raison sur certains points, mais elle prodigue ses conseils de telle manière que n'importe qui s'en offusquerait. L'un d'eux porte sur le poids de notre héroïne. Ce sujet suscitera tour à tour le rire et l'exaspération du lecteur.

Ce tome permet aussi de mieux connaître les cinq enfants de Gérard et Laurette. Personnellement, je n'aime pas Jean-Louis, dont le caractère égoïste a sûrement été accentué par la préférence marquée de sa mère à son égard... préférence qui est assez casse-pieds. J'aime beaucoup Gilles et Richard. On remarquera que si Richard est le plus pénible, il semble aussi être celui ayant le plus grand coeur.
Denise est parfois un peu godiche avec son maquillage et ses romans-photos.

La fin est un tournant. Laurette va devoir réorganiser sa façon de vivre. Sachant que malgré ses défauts (dont son très mauvais caractère), elle est courageuse, il était évident qu'elle ferait ce qu'il faudrait pour s'en sortir. Il sera intéressant de voir les conséquences de ce tournant dans le tome 3.

Remarque annexe:
Je n'ai lu aucune autre saga de Michel David, mais j'ai lu les résumés des tomes 1 de ses autres séries. Il semblerait que les Morin rencontrent les personnages d'au moins une autre série. J'aime bien que les écrivains fassent cela.

Éditeur: Hurtubise.
La version audio que j'ai entendue a été enregistrée par Jacqueline Duperret pour la Bibliothèque Sonore Romande.

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