Romans policiers, thrillers, suspense

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lundi, 29 mai 2023

La lisière, de Niko Tackian.

L'ouvrage:
Ce soir-là, Hadrien et Vivian emmènent leur fils, Tom, chez la mère d'Hadrien. Alors qu'ils roulent dans les monts d'Arrée (massif breton rocheux), ils sont contraints de s'arrêter à cause d'un choc sous la voiture. Hadrien va inspecter les dégâts, et Tom cherche un endroit pour faire pipi. Vivian attend. Finissant par trouver cette attente longue, elle sort de la voiture. Tom et Hadrien ne sont en vue nulle part. Soudain, un homme muni d'une hache surgit. Effrayée, Vivian court. Elle finit par être recueillie par un chauffeur routier qui l'emmène au commissariat. Elle raconte son histoire, on se rend sur les lieux: on ne trouve aucune trace de la voiture ou d'Hadrien et Tom...

Critique:
Après avoir aimé certains romans de Niko Tackian et avoir été déçue par d'autres, je suis allée vers celui-ci avec un sentiment mitigé. Je l'ai essayé parce que le synopsis était accrocheur (il l'est toujours avec cet auteur) et parce que le livre a été enregistré par un lecteur dont j'apprécie le jeu. Ce roman m'a plu. Avec un début si étrange, l'auteur avait fort à faire pour ne pas tomber dans incohérences et grosses ficelles. J'ai surtout apprécié d'être tellement immergée dans les événements et la manière dont ils arrivaient que je n'ai pas réussi à deviner quoi que ce soit. À un moment, j'ai cru que l'auteur avait fait quelque chose d'aussi mal que Michel Bussi dans «Nymphéas noirs», mais cela n'est pas du tout le cas. Il n'a pas eu besoin de si détestables ficelles pour construire son roman. À partir du moment où il donne la solution, je me suis dit qu'en effet, tout collait: telle chose s'expliquait ainsi, telle autre se résolvait comme cela. J'ai également aimé qu'à la fin, tout soit dit. Je me suis un peu moquée de moi parce que je pense que j'aurais dû prévoir ce qu'on apprend au dernier chapitre. Peut-être aurais-je réagi ainsi à la place du personnage...

Outre une intrigue qui ne souffre pas de temps morts et des paysages qui semblent être des personnages du roman tant ils sont présents, niko Tackian nous emmène dans l'univers onirique. Dans une note finale, il explique que nos rêves nous présentent souvent des solutions, des explications, des clés quant à certains aspects de notre vie. Je suis d'accord avec cette idée, même si je sais ne pas toujours correctement décrypter mes rêves. Cependant, je trouve que le romancier est allé assez loin lorsqu'il évoque les rêves de Vivian. J'ai toujours pensé que ces fameux rêves ne nous montraient que ce que nous connaissions. Or, ici, Vivian a eu connaissance de l'existence de Laurie, mais il est un élément dont elle savait trop peu pour pouvoir le raccrocher correctement au reste. De ce fait, il n'était pas très cohérent qu'elle en rêve. Au sujet de Laurie, une personne pinailleuse dirait qu'il n'est pas logique que Vivian ait laissé le courrier s'accumuler pendant plusieurs semaines... Je n'ai pas catalogué cet élément en incohérence, parce que je sais que certains font ainsi.

Éditeur: Calmann-Lévy.
La version audio que j'ai entendue a été enregistrée par André Cortessis pour la Bibliothèque Sonore Romande.

Le lecteur est l'une des raisons qui m'a fait tenter ce roman. Je savais que si le livre me déplaisait, la prestation d'André Cortessis, ni trop sobre ni cabotine, serait à mon goût. Cela a été le cas.

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jeudi, 25 mai 2023

La femme de chambre, de Nita Prose.

Note: Ne lisez pas la quatrième de couverture: l'une des phrases révèle un élément clé, et en plus, de manière inexacte!__

L'ouvrage:
Molly, vingt-cinq ans, est femme de chambre au Regency Grand. Elle aime son métier. Un jour, elle entre dans la suite de Charles Black pour la nettoyer, et trouve le cadavre de ce dernier. Cette découverte la précipite dans une série d'événements...

Critique:
L'élément qui m'a le plus plu est l'héroïne du roman. Molly semble avoir une légère forme d'autisme. Cela fait que l'autrice met en avant le fait que quand on est différent, on est souvent victime de moqueries, de mesquineries, voire d'ostracisme. Les gens agissant ainsi sont stupides, mais dans ce roman, ils le sont encore plus, car personne ne semble comprendre ce qui fait que Molly est différente. Pourtant, de nos jours, le grand public en sait assez sur l'autisme pour pouvoir déchiffrer ceux se comportant comme molly. Je trouve également dommage que sa grand-mère ne lui ait pas davantage expliqué sa différence.

Le récit est donc conté par Molly. J'ai apprécié d'être toujours dans ses pensées. Sa façon de voir les choses m'a parlé: elle peine à comprendre les codes sociaux, mais elle ne perd pas l'essentiel de vue. De plus, tout voir par ses yeux fait qu'il y a toujours quelque chose à découvrir, ce qui fait que le roman est sans temps morts. Certes, j'ai rapidement su qu'une personne se jouait de la jeune femme, mais je ne parvenais pas à savoir si c'était la seule. En outre, je ne voyais pas comment l'héroïne allait comprendre que cette personne était «une mauvaise graine» (dixit Molly elle-même). D'ailleurs, si l'enquête est intéressante, c'est surtout ce qui arrive à la narratrice et les pensées de cette dernière qui importent au lecteur. Tout est cohérent, rien n'est bâclé. Certains diront peut-être que tout finit de manière un peu trop rose pour Molly et un autre personnage, mais je préfère qu'il en soit ainsi. C'est vraisemblable, et il est un aspect qui, à mon avis, n'est pas si rose.

Au long du roman, la narratrice partage son avis concernant certains éléments de la vie. Elle fait ceci par de petites phrases, d'elle ou de sa grand-mère, qui sont toujours frappées au coin du bon sens. Par exemple, sa grand-mère disait, en substance: «Nous sommes tous semblables d'une manière différente.» Je regrette de n'avoir pas noté toutes ces phrases. Il faudrait que je relise le roman...

Service presse des éditions Audiolib par l'intermédiaire de la plateforme de lecture NetGalley.
La version audio que j'ai entendue a été enregistrée par Sophie Lephay.

Je ne connaissais pas cette comédienne. Son interprétation m'a beaucoup plu. Je pense qu'un mauvais comédien aurait joué Molly de manière affectée. Le ton de Sophie Lephay est adéquat. Elle modifie à peine sa voix pour certains personnages, et là encore, son jeu est naturel. Je regrette qu'elle ait prononcé Mary avec le «r» anglophone, mais je pense que je serai la seule à tiquer à ce sujet. ;-) J'entendrai à nouveau cette comédienne avec grand plaisir!

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lundi, 22 mai 2023

Nos âmes au diable, de Nathalie Hug et Jérôme Camut.

L'ouvrage:
Juillet. Sixtine, dix ans, est en vacances avec son père chez ses grands-parents paternels, sur l'île d'Oléron. Un jour, l'enfant disparaît. Sans réelles preuves, la police finit par porter ses soupçons sur un multi-récidiviste, ayant violé et tué plusieurs fillettes. L'histoire ne fait que commencer...

Critique:
Parfois, il y a des auteurs dont je lis un seul roman, et auxquels je décide de ne plus jamais accorder une pensée. Cela a été le cas pour Nathalie Hug après que j'ai lu «L'enfant-rien», que je n'ai pas aimé. Alors que je l'évite depuis, le synopsis de «Nos âmes au diable» m'a tentée, tentation renforcée par le fait qu'il a été enregistré par une excellente comédienne. Bien m'a pris de donner une chance au duo, car ce roman m'a beaucoup plu.

D'abord, les auteurs savent très bien maintenir suspense et tension. Quoi qu'il se passe, quelles que soient les découvertes faites, ces deux éléments sont présents jusqu'à la toute fin. De plus, je n'ai trouvé aucune incohérence.

D'autre part, les personnages sont travaillés. Bien sûr, je préférerais qu'il n'existe que des Jeanne, des D, des Léon, des Hervé, et non des tordus comme d'autres personnages, mais même ceux-là sont travaillés. Ils font très froid dans le dos (surtout deux d'entre eux) mais ils sont terriblement réalistes. On me dira que j'exagère, car ces personnages (surtout les deux pires) sont tout ce qu'on peut imaginer de mauvais. Certes, mais malheureusement, il existe des gens comme eux...

Les auteurs déstabilisent par leurs rebondissements, mais également par ce qu'ils finissent par nous apprendre concernant les deux personnages en question, et pas seulement parce que ce sont deux immondices qu'il aurait fallu éradiquer le plus tôt possible. Je pense notamment à une chose qui leur est arrivée. À propos de cette chose, les auteurs donnent un fait. Lorsque j'ai entendu ce fait, entre mes «préjugés» (disons mes facilités d'interprétation) et les pensées de Jeanne, je me suis précipitée sur une conclusion. Plus tard, les auteurs expliquent comment ce fait est arrivé. Avec cette explication, ils créent un rebondissement, et en disent long sur les deux personnages plus détestables que les autres.

La toute fin est à la fois inévitable et déstabilisante. Qu'aurais-je fait à la place de Jeanne? Certainement la même chose. Pourtant, il m'est impossible d'imaginer comment une mère confrontée à cela peut s'en sortir indemne.
Comme souvent, j'aurais aimé un chapitre supplémentaire. Certes, je sais ce qu'il va se passer, mais j'aurais aimé avoir certains détails.

La version audio que j'ai entendue a été enregistrée par Caroline Klaus pour les éditions Lizzie.

Caroline Klaus fait partie des comédiens qu'il me plaît de retrouver, car j'apprécie son jeu. Ici, son interprétation est magistrale. Quels que soient les sentiments qu'elle joue, son intonation est adéquate. Sa lecture est sans failles.

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jeudi, 11 mai 2023

Le faussaire de Hambourg, de Cay Rademacher.

Le faussaire de Hambourg

L'ouvrage:
Lors d'une arrestation, le suspect tire sur Frank Stave. Pendant son séjour à l'hôpital, celui-ci décide, pour diverses raisons, qu'il ne travaillera plus aux homicides. Il préfère se tourner vers la lutte contre le marché noir...

Critique:
Cette conclusion à la trilogie hambourgoise m'a beaucoup plu. D'ailleurs, j'aurais souhaité que l'auteur prolongeât les enquêtes de Frank Stave, et fasse davantage qu'une trilogie. Cependant, je me console en me disant qu'au moins, il ne termine pas la série par la mort de Stave. Je ne sais pas vraiment pourquoi, mais je craignais cela.

Cay Rademacher apporte d'intéressantes nuances à sa façon de faire par rapport aux autres tomes. Par exemple, Stave enquête sur deux affaires en même temps. En effet, il a quitté les homicides, mais son sens de la justice l'empêche d'abandonner totalement l'affaire qui se présente, et il se voit confier une autre enquête concernant le marché noir. Il m'a plu de suivre les deux intrigues, et de voir Stave se débrouiller pour que son enquête sur le meurtre reste inconnue de son collègue. J'ai aussi apprécié la réaction du policier lorsqu'il finit par tout comprendre de l'une et de l'autre affaire, et pousse les coupables dans leurs derniers retranchements.

Là encore, le contexte historique est captivant. Ce que raconte le procureur à Stave est à la fois incroyable et édifiant. Ce que planifie Klaus von Gudo est un exemple de ce que firent certains nazis... De plus, on assiste à la naissance du Deutsch Mark (j'ignorais totalement dans quelles circonstances il avait fait son apparition) et avec cela, à un certain renouveau...
Ce qui arrive à Erna fait également partie du contexte historique. J'ai également apprécié ce qui arrive dans la vie privée de Stave. Tout n'est pas absolument rose, mais ce qui posait problème semble en bonne voie d'être progressivement amélioré. Pour cela, il a, bien sûr, fallu que Stave, ainsi que les deux personnages les plus importants de sa vie, se remettent en question.

Cay Rademacher a écrit d'autres romans, mais un seul (le tome 1 d'une autre série) a été traduit. J'espère qu'il sortira en audio, et que d'autres seront traduits.

La version audio que j'ai entendue a été enregistrée par Nicolas Dangoise pour les éditions Sixtrid.

Le jeu du comédien m'a autant plu que dans les tomes précédents. J'aimerais bien lire d'autres livres qu'il a enregistrés, mais malheureusement, ceux-ci ne me tentent pas. J'espère donc qu'il en enregistrera qui me tenteront.

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lundi, 8 mai 2023

L'orphelin des docks, de Cay Rademacher.

L'orphelin des docks

L'ouvrage:
Hambourg, fin mai 1948. La police est appelée sur un chantier: dans un hangar, les ouvriers ont retrouvé le cadavre d'un jeune garçon assis sur une bombe non détonée. L'inspecteur principal Stave enquête.

Critique:
Comme dans «L'assassin des ruines» (le tome 1 de cette trilogie hambourgoise) Cay Rademacher décrit l'Allemagne de l'après-guerre. Le rationnement, la nourriture peu ragoûtante, le marché noir, les gens tentant de se reconstruire. C'est dans ce contexte que Stave et Macdonald (que nous retrouvons également) doivent résoudre le meurtre du jeune Adolf. L'énigme est bien menée. Comme dans le tome 1, l'auteur ne va pas à cent à l'heure, et ce n'est pas dérangeant, car il prend le temps de montrer les actes des protagonistes. Par exemple, Stave n'interroge pas seulement la famille de la victime. Il parvient à rencontrer d'autres personnes qui la côtoyèrent, ce qui permet à l'auteur d'en dire davantage sur le contexte historique. Par exemple, j'ignorais l'existence de ceux qu'on appelait les enfants-loups, et je pense que Cay Rademacher ne les a pas inventés.
Je n'avais pas deviné l'identité du coupable avant Stave. L'auteur s'est d'ailleurs arrangé pour que, tout en en apprenant davantage sur Adolf, le lecteur reste dans le flou le concernant. J'ai trouvé cela très bien joué.

Autre chose a fait que le morcellement de l'enquête ne m'a pas du tout gênée: le romancier laisse une place importante aux événements se déroulant dans la vie privée de Stave. Ce faisant, il parvient encore à montrer le contexte historique. Entre ce qui est arrivé à Carl et la manière dont Anna continue d'agir pour survivre, nous avons des échantillons de ce qui se passait juste après la guerre.

Carl ne m'inspirais pas trop confiance. Je craignais qu'il reste coincé entre rancoeur et idéologie nazie. Heureusement, les choses sont plus complexes. À la fin de ce tome 2, le lecteur attend d'ailleurs de savoir si Carl a attendu son père. J'ai hâte de commencer le tome 3 pour découvrir ce qui est arrivé à ce sujet le soir où se termine le tome 2.
Quant à Anna, je l'apprécie, mais elle m'a semblé trop entière... Certes, il faut que je me mette à sa place, et pas seulement à celle de Stave.

Entre les conditions de vie et l'enquête, le rire n'est pas de la partie. Cependant, le romancier en glisse parfois un peu, notamment avec la menace de la mutation de Macdonald en Palestine.

La version audio que j'ai entendue a été enregistrée par Nicolas Dangoise pour les éditions Sixtrid.

J'ai retrouvé le comédien avec plaisir, et son jeu m'a autant plu que dans «L'assassin des ruines».

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