jeudi, 12 août 2021

La mémoire des anges, de Martine Delomme.

La mémoire des anges

L'ouvrage:
Voilà douze ans que Mauve a quitté le domaine familial de Bassan, dans le Sud-Ouest de la France, pour s'établir en Belgique. Elle est partie après que son fiancé lui a préféré sa soeur, Véronique. Or, à présent, Véronique s'est suicidée en avalant des médicaments. Mauve retourne au domaine pour assister à l'enterrement. Elle y retrouve ses parents, Georges et Édith (seul son père a gardé contact avec elle), son beau-frère (David), sa tante (Paule, qui semble ne l'avoir jamais aimée), et rencontre les enfants de sa soeur (Guillaume et Laurie).

Critique:
Ce roman m'a plu. L'autrice mélange terroir, secrets de famille, et amour sans tomber dans le niais. Bien sûr, il y a quand même quelques topoi. Par exemple, Paule est une méchante femme aigrie, son seul but est d'évincer Mauve, et de rabrouer tous ceux qui se mettent en travers de son chemin. Mauve est l'attachante héroïne au caractère bien trempé. Georges et Édith sont faibles... Georges n'est pas absolument un faible qui dit amen à tout, et bien sûr, à sa place, on ne peut savoir comment on agirait. Mais je me suis dit qu'il aurait peut-être pu tenter davantage de résister à ceux qui imposaient leur suprématie.
Donc, même si certains personnages sont un peu convenus, je ne me suis pas ennuyée. En effet, Mauve, par exemple, doit faire face à de nouveaux paramètres, et au moment où elle commence à rassembler ses esprits, et à avoir une idée de ce qu'elle veut faire et comment, des éléments la font changer de cap. De toute façon, j'aurais été déçue qu'elle laissât Paule faire la loi.

La romancière aborde la question de la place de chacun dans une famille. Ses protagonistes ont un vécu qui est différent du nôtre, mais peut-être certains lecteurs trouveront-ils des échos de morceaux de leur histoire. De toute façon, Martine Delomme fait en sorte que la plupart d'entre eux déclenchent l'empathie du lecteur.
Quant aux secrets, j'avais deviné les grandes lignes de l'un d'eux. Cela n'a pas du tout gâché ma lecture. Je n'aime pas le niais, mais je préfère toujours quand les histoires se terminent bien. Évidemment, tout ne peut pas bien finir. L'autrice a su doser le bon et le moins bon. Je comprends qu'elle ait apporté quelques déconvenues aux personnages principaux, car j'aurais été la première à tiquer si tout s'était achevé de manière parfaite.

Éditeur: Calmann-Lévy.
La version audio que j'ai entendue a été enregistrée par Bernard Perreau pour l'association Valentin Haüy.

Acheter « La mémoire des anges » sur Amazon

Partage

jeudi, 28 mai 2020

La nuit de l'Orcière, de Pierre Petit.

La nuit de l'Orcière

L'ouvrage:
Années 70. Lorsqu'elle épouse Robert Chevrier, Louise devient la maîtresse de l'Orcière, la maison de son époux. Seulement, elle doit composer avec la présence de Rémi, le père de Robert. Le vieux n'est pas aimable, et semble guetter les faits et gestes de la jeune femme. D'autres événements vont, peu à peu, rendre l'atmosphère oppressante.

Critique:
Je ne suis pas friande de romans du terroir. En ayant lu pendant mon adolescence, j'ai maintenant peur d'y trouver du sirupeux et de l'invraisemblable, donc je m'en éloigne. J'ai tenté «La nuit de l'Orcière» parce qu'outre un synopsis intéressant, il est lu par un lecteur dont j'apprécie les interprétations. Je suis contente d'avoir essayé ce roman, car il m'a plu. C'est un roman du terroir, mais on n'y trouve pas les ingrédients qui me déplaisent. Reste ce qui me convient: le fait que nous sommes dans un village campagnard. En outre, un élément qui aurait pu m'agacer ne va pas assez loin pour que je râle, donc...

Si le père de Robert est un élément dont on se méfie rapidement, l'intrigue ne tourne pas uniquement autour de sa présence. Bien sûr, il interfère de différentes manières dans les rapports entre Louise et Robert, mais la jeune femme ne fraie pas uniquement avec lui. Par exemple, elle et sa grand-mère (qui, apparemment, fait une délicieuse charlotte au chocolat) sont très complices. Louise adore lire (fait qui introduit un pan de l'intrigue). Enfin, elle devient amie avec Rosa, la femme qui vient faire le ménage à l'Orcière.

À mesure que les choses avancent, la tension monte pour différentes raisons. Les motifs des uns et des autres sont «simples», mais cela ne fait pas que ce roman est simpliste. Pour moi, les faits ne sont pas trop gros. Certains penseront peut-être que des éléments sont du remâché. Pour ma part, je pense que l'auteur a su les introduire sans que cela n'amène de l'ennui. Une fois que j'ai compris que Rémi n'était pas net, j'attendais de voir quel serait son prochain stratagème, et je me demandais si ceux qui s'en apercevraient pourraient le déjouer.
Robert est un personnage intéressant. J'ai compris ses différentes réactions quant à ce qui arrive dans son couple. Il est un peu bourru, et n'exprime pas facilement ses sentiments, mais lors du premier «coup dur», il ne réagit pas si mal. Je me serais attendue à ce qu'il se referme. Ensuite, se débattant entre ce qu'il souhaite pour son entreprise et sa conscience, il effraie et attendrit à la fois. Enfin, la toute dernière chose qu'il fait montre sa lucidité quant à sa situation.

J'ai été un peu frustrée par la fin. J'aurais aimé savoir comment se passent les choses ensuite. On peut, certes, l'imaginer...

Éditeur: Presses de la cité.
La version audio que j'ai entendue a été enregistrée par Yves Vanmeenen pour la Ligue Braille.

Il me plaît toujours de retrouver ce lecteur qui n'est jamais monotone, et n'en fait jamais trop. Ici, il n'a pas démérité.

Acheter « La nuit de l'Orcière » sur Amazon

Partage

jeudi, 21 mai 2020

Le secret d'Aiglantine, de Nicole Provence.

Le secret d'Aiglantine

L'ouvrage:
Messimi, petit village dans les environs de Lyon.
Ce jour-là, en rentrant chez lui, Firmin, le maréchal ferrant, trouve sa femme, Amélie, morte. Elle a été étranglée. Le gendarme Émilien Gontard trouve quelques maigres indices susceptibles de le mener au meurtrier. Cependant, pour cela, certains secrets devront être exhumés.

Critique:
Ce roman m'a plu. Certains éléments sont prévisibles (j'en avais deviné un bien avant qu'il se produise), et certaines façons de faire paraîtront peut-être un peu grosses, cependant, tout est cohérent, rien n'est bâclé. Il y a peut-être un détail qui, à mon avis, n'est pas très crédible, c'est la réaction de Gabrielle à la fin, mais on peut pardonner cela à l'autrice.

Certains aspects de l'intrigue (notamment ce qui est arrivé à Amélie lorsqu'elle était jeune) peuvent paraître mièvres et même convenus. Cela ne m'a pas dérangée parce que la romancière a su ne pas trop en faire.
On pourrait également trouver peu crédible qu'Aiglantine finisse par tomber amoureuse si vite alors que son passé lui crie de fuir les hommes. Là encore, Nicole Provence parvient à s'en tirer sans exagérer.

Le suspense et la tension sont parfois adoucis par de petites notes humoristiques, comme par exemple certaines conversations entre Émilien et Césarine (sa femme). La romancière parvient à ne pas trop faire traîner les choses en parsemant son récit de révélations (j'en ai trouvé une, mais j'étais loin d'avoir tout deviné), et augmente la tension lorsque tous les protagonistes sont confrontés les uns aux autres dans les derniers chapitres.

Beaucoup de personnages sont sympathiques. Ils éveillent la compassion pour différentes raisons. Il est peut-être un peu dommage que le «très méchant» n'ait absolument rien d'aimable, mais ce genre de personnes existe malheureusement.

Éditeur: Calmann-Lévy.
La version audio que j'ai entendue a été enregistrée par Yves Vanmeenen pour la Ligue Braille.

Il m'a plu de retrouver ce lecteur dont j'apprécie la façon de lire. Ici, il n'a pas démérité: il n'a pas fait d'affreux effets de voix selon les personnages, et son ton est adéquat.

Acheter « Le secret d'Aiglantine » sur Amazon

Partage

mercredi, 25 septembre 2019

La nuit quand elle vient, d'Aurore Py.

La nuit quand elle vient

Note: Ce roman est la suite de «Les fruits de l'arrière-saison».

L'ouvrage:
1939. Un drame est arrivé chez Auffray, le voisin de la Vineuse. Cela touche ses habitants de près. D'autre part, certains (comme Emma) pensent, avec anxiété, que la guerre va éclater.

Critique:
Cela a été une joie pour moi de retrouver les personnages de «Les fruits de l'arrière-saison». J'ai aimé ne plus du tout être agacée par Emma. Dans cette suite, c'est un des personnages que j'ai le plus appréciés. Elle a un sens aigu de la justice, et même si elle est un peu rude parfois (si ce n'était pas le cas, ce ne serait pas Emma), j'ai toujours approuvé ses actes, et j'ai toujours compris ses motivations.

Étrangement, c'est Marie qui m'a exaspérée. Pourtant, je sais que je suis injuste envers elle. Elle travaille dur pour que sa ferme prospère, et cela lui est tombé dessus avec les premiers événements du tome 1. Elle n'y était pas du tout préparée, et a su gérer la situation. Cela l'a endurcie, et elle a malheureusement fait passer d'importantes choses au second plan. Au cours du roman, elle se remet en question, mais pour moi, ne fait pas assez d'efforts. De plus, il m'a semblé que sa place dans l'histoire devenait moins importante que celle d'Emma, alors que dans le tome 1, c'était l'inverse. Je me suis dit que puisqu'elle m'agaçait, elle méritait d'être moins importante. ;-)

Quant à Louise (qui m'embêtait aussi), je n'ai pas réussi à vraiment l'apprécier, mais... quelque chose me l'a rendue un peu plus sympathique: c'est le fait que sur un point, elle est comme moi. ;-)

La plupart des autres personnages m'ont été très sympathiques: Gabin (qu'on apprend à connaître), Claire et Baptiste (même si on les voit très peu), François (qui prend conscience de ses failles), Jeanne (qui tente de gérer les événements au mieux), Roberjo et Andrio (dont la complicité est très plaisante)...

Comme d'habitude, Aurore Py montre des personnages qui, avant tout, sont humains. Ils doivent se débrouiller avec des paramètres pas toujours évidents, des coups que leur envoie la vie, et chacun s'en sort comme il peut. Au passage, certains développent des traits de caractère qui ne me plaisent pas toujours, mais qu'aurais-je fait à leur place?

L'intrigue est sans temps morts. À un moment, je me suis surprise à penser: «Mince! J'en suis au chapitre 36, et il n'y en a que 56! Mais c'est pas assez!»
À la fin de «Les fruits de l'arrière-saison», je n'attendais pas particulièrement de suite. Après avoir achevé «La nuit quand elle vient», j'espère qu'il va y avoir une suite... et que ce sera le prochain roman d'Aurore Py.

Remarques annexes:
Moi qui aime beaucoup trouver de l'imparfait du subjonctif dans les livres, il m'a plu que la romancière l'emploie plusieurs fois. Parfois, il n'était pas employé alors que la concordance des temps l'aurait permis, et je me disais: «Oh! Quel dommage!» ;-)
Aurore Py fait partie des rares personnes qui ne se trompent pas en utilisant le verbe «palier»: elle met bien un complément d'objet direct et non un complément d'objet indirect (faute que beaucoup font).

Service presse des éditions de l'Aube.
La version audio que j'ai entendue a été enregistrée par mon mari.

Acheter « La nuit quand elle vient » sur Amazon

Partage

jeudi, 5 septembre 2019

L'école buissonnière, de Nicolas Vanier.

L'école buissonnière

L'ouvrage:
Paris, 1922. Jean Caradec est cheminot. Un jour, il apprend qu'il va devoir partir plusieurs mois en Algérie afin de participer à la construction d'une ligne de chemin de fer. Il n'accueille pas bien cette nouvelle, car il vit seul avec son fils de onze ans (Paul), et n'a personne à qui le confier. N'ayant pas d'autres solutions, il se décide à demander à Célestine, l'ancienne nourrice de sa défunte femme. Elle accepte. Paul va donc passer plusieurs mois dans la campagne solognote, chez Célestine et son mari, Borel, le garde-chasse, sur le domaine du comte de la Chesnay.

Critique:
Ce roman m'a plu. Il fait passer un bon moment, et ne souffre pas de temps morts. Des lecteurs diront peut-être que certaines choses sont invraisemblables, comme ce qu'il advient de la rivalité entre Borel et Totoche, ou ce que décide le comte lorsqu'il comprend ce qu'on lui cache. Je n'ai pas trouvé ces éléments invraisemblables. Le romancier donne souvent, et de manière assez explicite, le point de vue du comte. Celui-ci s'en veut depuis dix ans, il a eu le temps de ruminer sa souffrance et de comprendre le mal qu'il a fait. Sa décision finale est donc plutôt logique.
Quant à Borel et Totoche, je n'imaginais pas comment cela pouvait se terminer, et ce qu'a choisi l'auteur me convient. Au long du roman, même si Borel est agaçant, on voit bien qu'il n'a pas mauvais coeur.

J'ai aimé découvrir la forêt et ses secrets à la suite de Paul guidé par Totoche... et Garçon.
La plupart des personnages sont sympathiques, sauf Bertrand et ses amis. J'ai compris pourquoi Paul en voulait à Célestine à cause de ses mensonges, mais la pauvre ne pensait pas à mal. Quant à son autre «péché», c'est à vous de décider ce que vous en pensez. À la fin, il n'est pas dit si elle continuera de s'y adonner... ;-)
J'ai aussi apprécié Dédé, dont on se moque souvent, à cause... de son amour pour sa brouette. Heureusement, on le voit dans d'autres situations, et on se rend compte qu'il sait faire autre chose que conduire son engin.

Je râle toujours après les prologues qui ne servent à rien, c'est-à-dire ceux qui sont supposés faire baver le lecteur en dévoilant des morceaux du moment crucial de l'intrigue, et sont, à mon sens, extrêmement pénibles. Je dois donc souligner ici que le prologue de ce roman n'est absolument pas à classer parmi ces horreurs. Il se passe douze ans avant le chapitre 1, et nous aide à comprendre très rapidement la situation de Jean et Paul exposée par la suite. Ouf! Il y a encore des auteurs qui font des prologues intelligents!

J'aurais bien voulu que le livre continue. Vous allez me dire qu'il n'y avait plus rien à écrire. Certes, mais il aurait pu y avoir d'autres excursions de Paul et Totoche...

Éditeur: XO.
La version audio que j'ai entendue a été enregistrée par Arlette Bratschi pour la Bibliothèque Braille Romande.

Arlette Bratschi pourrait en remontrer à certains lecteurs se disant professionnels. Elle adopte toujours le ton adéquat, modifie sa voix de manière judicieuse selon les personnages... Bref, elle vit le roman, et joue sans jamais trop en faire.

Pour information, la structure du livre n'a pas été respectée: la plupart des chapitres sont coupés en plusieurs pistes. Je n'ai pas compris cela, car en général, les bibliothèques sonores respectent la structure des ouvrages.

Acheter « L'école buissonnière » sur Amazon

Partage

- page 1 de 6