La symphonie du hasard, livre 3

L'ouvrage:
Alice est rentrée aux États-Unis. Elle oscille entre reconstruction et besoin d'en finir. Entre sa famille (toujours aussi bancale) et ses amis, elle parvient peu à peu à trouver une forme d'équilibre...

Critique:
J'ai préféré cette troisième partie à la précédente. Ici, la narratrice ne m'a pas cassé les pieds, j'ai compris ses choix, ses craintes, ses hésitations... Je l'ai trouvée plus nuancée, moins égoïste, moins prompte à juger tout en n'étant pas irréprochable. Par exemple, elle souffre de ce que lui fait sa mère, mais ne décide pas d'exclure cette dernière de sa vie. Tout au long de cette partie, Alice m'a semblé faire ce qu'elle pouvait avec les cartes qu'elle avait.

Encore une fois, j'ai été plus indulgente envers sa mère qu'envers son père. Sa mère reconnaît ses torts, finit par trouver le courage de faire quelque chose, est prudente lorsqu'il s'agit de prendre une certaine décision... Le père d'Alice ne cesse de dire et faire des choses répréhensibles, son repentir est toujours grandiloquent, et sonne faux. Il se fustige à grand renfort de mots très durs et de grosses larmes, ce qui ne l'empêche pas de recommencer à dire et faire d'autres choses répréhensibles, et à refuser vertement les conseils...

Malgré de graves éléments, l'auteur glisse souvent de l'humour dans cette partie. L'exemple le plus parlant est celui de la situation des parents de notre héroïne. Leur comportement l'un envers l'autre m'a beaucoup amusée, et quelque peu attendrie. Mon passage préféré concernant cela est le mariage d'Adam. Outre la drôlerie de certaines répliques et situations, à cette occasion, presque tous les Burns sont réunis et rient ensemble. Bien sûr, ils font cela lors d'un moment qu'ils savent dénué de bonheur, mais pour moi, ils font la seule chose qu'ils peuvent. En outre, cette complicité est assez rare pour être soulignée.

Comme dans d'autres romans, Douglas Kennedy n'oublie pas le contexte historique. Je ne m'y connais pas tant que ça en histoire des États-Unis des années 80, mais tout sonne vrai. Je ne savais pas que Ronald Reagan avait été élu avec autant de voix...

J'ai apprécié les différentes réflexions dont l'auteur parsème son ouvrage concernant la vie, la souffrance due au deuil, l'adaptabilité de l'être humain... Tout cela m'a paru très juste, cela a fait écho à certaines de mes pensées. Le seul élément avec lequel je ne suis pas d'accord, c'est le fait qu'on choisit de souffrir. Alice choisit certaines choses, soit, mais je n'aime pas que le romancier fasse de cela une généralité. Il y a une chose dans ma vie que je n'ai absolument pas choisie, et dont je me débarrasserais le plus rapidement possible, si je le pouvais.

Je ne l'ai pas dit dans ma chronique du tome 1, parce que je voulais voir à quel point ma supposition était exacte, mais Douglas Kennedy nous gratifie de ce que j'appelle un prologue qui ne sert à rien. Malheureusement, il répond à tous les critères des prologues que je qualifie ainsi: il donne des informations qu'il vaudrait mieux apprendre quand elles se produisent dans l'histoire. L'auteur se charge donc tout seul de gâcher certains moments de lecture. On retrouve une grande partie de ce prologue presque à la fin du dernier chapitre. Il aurait mieux valu qu'il n'existe pas, car à mon avis, à part donner certaines révélations trop tôt, il n'apporte rien. Je devrais rebaptiser ces prologues qui ne servent à rien en prologues qui gâchent la lecture. Une amie m'a dit que lorsqu'elle constate que le prologue d'un livre est de ce genre (par exemple parce qu'il ne se passe pas tant de temps avant le chapitre 1), elle ne le lit pas. J'envisage de faire comme elle. J'ai fait ainsi sans le vouloir concernant «La fille du train», et quand j'ai découvert le prologue, j'ai été ravie de ne l'avoir pas lu au début!

À la fin de cette troisième partie, on attend une suite. On peut prévoir certaines choses, mais j'ai quand même l'impression d'un récit inachevé. De plus, j'aurais aimé retrouver cette intrigue et ces personnages qui m'intéressent, même si la seconde partie du roman m'a moins plu.

Service presse des éditions Audiolib.
La version audio que j'ai entendue a été enregistrée par Ingrid Donnadieu.

Il m'a plu de retrouver Ingrid Donnadieu. Elle n'a pas démérité: son jeu reste vivant sans affectation, tant concernant la prononciation des mots anglophones que la modulation de sa voix pour certains rôles et certaines émotions. Par exemple, à un moment, Alice pleure: la comédienne joue cela très bien. J'ai choisi de souligner cela parce que c'est quelque chose d'assez difficile à bien jouer, et que certains s'en tirent mal.

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