L'ouvrage:
La cité de Tevanne est dirigée par quatre maisons. Sa richesse repose sur le système d'enluminure des objets. Cela permet de décupler les possibilités apportées par certains objets.
Sancia Grado est une voleuse capable de lire le passé de tout ce qu'elle touche. On lui a offert une belle somme pour dérober un objet placé sous très haute surveillance. Malgré le danger, Sancia accepte, car la somme promise lui permettra de dire adieu à sa vie de misère. La jeune fille parvient à subtiliser l'objet. Bien sûr, elle ne peut s'empêcher de regarder ce qu'elle a pris. C'est une clé... qui se met à lui parler. C'est alors que les choses se corsent.
Critique:
Au départ, cette série ne me tentait pas, car je n'ai pas pu finir «American elsewhere». Je ne suis même pas allée très loin dedans. C'est (comme pour «Plus on est de fous...») Camille Lamache qui m'a convaincue d'essayer. Comme pour le roman sus-cité, je suis contente d'avoir suivi son avis. Ce diptyque m'a beaucoup plu. J'ai décidé de ne pas le chroniquer en deux temps, car pour moi, il se lit d'une traite, même si trois ans passent entre les deux tomes.
Ces livres sont très épais, et je ne me suis pas ennuyée une seule seconde. Le principe de l'enluminure est captivant. Les héros passent d'aventure en péripétie, semblant ne jamais avoir de répit. Sancia finit par s'attacher à un enlumineur et à son assistante, et ils sont précipités dans un tourbillon d'événements.
L'auteur aborde avec finesse le thème du bien contre le mal. Ce thème peut rapidement paraître cliché. Ici, Robert Jackson Bennett parvient à le complexifier en soulevant de délicates questions' Qu'aurions-nous fait à la place d'Ophélia Dandolo? Qui choisir entre Valeria et Crasedes? Quelle solution serait-elle la moins horrible? Comment s'arrange-t-on avec sa conscience lorsqu'on sait qu'on fait le mal, même si on pense ne pas pouvoir faire autrement? Certains personnages (Grigor, Clé...) sont touchants, et leur courage est admirable. Je n'ai pas réussi à apprécier Ophélia, même si j'ai pu comprendre ses raisons d'agir. Tout en admettant qu'elle a fait ce qu'elle pensait être de son mieux, je me dis qu'elle aurait dû faire autrement.
Sancia est, bien sûr, un personnage auquel on s'attache, auquel on s'identifie. C'est la même chose pour Clé. Hé oui, c'est une clé, mais ses pouvoirs et ce qu'il fut en font un personnage, et les choses ne sont pas faciles pour lui. Malgré les épreuves, Sancia et lui gardent leur intégrité. J'aurais préféré que Clé agisse davantage avec Sancia, car les quelques scènes où ils collaborent sont drôles, et montrent une amitié naissante.
La fin est logique. Certaines choses ne m'ont pas plu, mais ce ne sont pas des incohérences. Cette fin appelle une suite. Il semblerait qu'il n'en soit pas question, en tout cas, pour l'instant. Je le regrette.
La version audio que j'ai entendue a été enregistrée par Camille Lamache pour les éditions Audible Studios, dont vous trouverez le catalogue sur le site Audible.
Camille Lamache évoque son jeu pour ce roman dans l'interview qu'elle m'a accordée. Comme très souvent, elle a pris un pari risqué, et s'en est très bien sortie. Son jeu est vivant et sans excès. J'ai beaucoup aimé la manière dont elle joue certains objets alors que ceux-ci sont survoltés par la manière dont l'enluminure les conditionne. Le jeu de la comédienne a renforcé l'impression que j'avais de ces objets enluminés.
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