Autobiographies, biographies, souvenirs, témoignages

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lundi, 26 décembre 2022

Le livre de maître Mô, de Jean-Yves Moyart.

Le livre de maître Mô

L'ouvrage:
Dans ce livre, sont rassemblées (majoritairement) des affaires auxquelles l'avocat Jean-Yves Moyart (dit maître Mô) prit part.

Critique:
Ce livre m'a plu. J'ai découvert (ce qui n'est pas surprenant) des histoires bouleversantes, et un avocat toujours soucieux de ses clients, s'attachant au fait que chaque client est unique, toujours humble, montrant toujours que rien n'est ni simple ni acquis...

Quelque chose m'a un peu embêtée, mais cela ne vient pas du livre, cela vient de moi. Lorsqu'on lit ces tranches de vie, on ressent forcément des émotions. J'ai trouvé mal de ma part de les ressentir, parce que ces «histoires» sont vraies, et il m'a semblé que cela faisait de moi une «voyeuriste». Lorsque ce sont des personnages de romans, leur non existence fait qu'on ne peut leur causer aucun tort. Ici, même si, évidemment, les personnes évoquées ne me rencontreront jamais, je sens que je ne devrais pas avoir le droit de penser quoi que ce soit concernant leur vie. C'est étrange: je n'ai jamais éprouvé ce sentiment lorsque j'ai lu des témoignages.

Certaines affaires ont, malheureusement, de nombreux pendants (comme «Petite fille» ou «Plainte»), et dans de nombreux cas, cela ne se termine pas aussi bien. J'imagine que c'est aussi cela que maître Mô a voulu faire comprendre: pour telle affaire, cela s'est terminé ainsi, mais il existe des gens qui vivent ce genre d'atrocités, et ne s'en sortent pas...

Certains récits se terminent un peu abruptement, et on a envie de savoir comment cela s'est fini. Je me suis blâmée de vouloir savoir, car ce n'était pas un roman, mais de vraies personnes dont la vie était en jeu.

L'une de ces histoires m'a fait éprouver l'horreur à l'état pur... il s'agit de «Noël». Peut-être est-ce parce que j'ai entendu moins de récits de ce genre...

À la fin, l'auteur nous confie une histoire le touchant personnellement. Il ne s'agit pas d'une affaire, mais d'une amitié. Vous pouvez imaginer que lire un pan (même petit) de sa vie privée m'a mise encore plus mal à l'aise. ;-) Bien sûr, je n'ai pas perdu de vue le fait que pour lire tous ces récits, j'avais son aval, faisant partie de tous ses lecteurs.

Je ne connaissais pas du tout maître Mô. Ce livre m'a donné envie de découvrir son blog. Celui-ci est encore en ligne. J'ai lu quelques articles (il avait, apparemment, convaincu l'une de ses amies juge d'y écrire également), et je pense le lire en entier.

Un livre qui fera réfléchir ceux prompts aux jugements hâtifs, qui exhorte à penser que tout n'est pas perdu, même lorsqu'une situation semble désespérée...

Service presse des éditions Audiolib par l'intermédiaire de la plateforme de lecture NetGalley.
La version audio que j'ai entendue a été enregistrée par Hugues Martel.

Hugues Martel est un comédien dont j'apprécie beaucoup la lecture toujours vivante et naturelle. Il fait partie de ceux qui peuvent lire indistinctement romans et documentaires. Son intonation est toujours adéquate. Ici, il avait fort à faire, car il devait faire passer les émotions (souvent très fortes) sans excès. Il s'en tire parfaitement.

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lundi, 12 avril 2021

Losing the atmosphere, de Vivian Conan.

Losing the atmosphere

L'ouvrage:
Vivian Conan raconte ici le combat de toute une vie. Dès l'enfance, elle se rend compte que quelque chose ne va pas chez elle, et tente de comprendre quoi...

Critique:
Ce témoignage m'a beaucoup plu. J'imagine qu'écrire cela, tout poser sur le papier, a aidé Vivian à mieux comprendre, à mieux guérir. Certes, mais cela a également dû être très difficile pour elle.
J'ai apprécié qu'elle reste la plus factuelle possible. Elle se raconte, explique ce qu'elle ressentait avec sincérité. Elle raconte d'abord son enfance, sa famille, ses relations avec chaque membre. Puis elle explique quand et comment elle a remarqué que quelque chose était différent chez elle. Elle commence assez tôt à voir un psychiatre. Au fil des spécialistes qu'elle rencontre, elle apprend à se connaître, à se découvrir, à palier certains manques dus à sa maladie...

Vivian ne blâme pas les psychiatres qui n'ont pas su la comprendre, et donc qui n'ont pas su l'aider. De plus, elle ne les range pas tous dans le même panier. Elle prend le temps d'expliquer lesquels ont tenté de l'aider, comment ils l'ont fait. Ce n'étaient pas forcément de mauvais médecins. C'est surtout qu'on savait très peu de choses sur le sujet, à l'époque. On en sait davantage aujourd'hui, mais des zones d'ombre subsistent. (Je ne dirai pas ce dont souffre Vivian ici, car elle le dit très tard dans le livre. Avec raison, elle raconte les choses telles qu'elle les a vécues.) Vivian a eu la chance de pouvoir comprendre (à plus de cinquante ans) ce qu'elle avait, puis de trouver le spécialiste qui en savait assez, et qui avait l'esprit assez ouvert pour l'aider au mieux. En effet, je m'y connais très peu quant à ce que sont des relations entre des psychiatres et leurs patients, mais Vivian faisait certaines choses qui, peut-être, dépassaient certaines limites. Oui, mais ne pas la laisser faire, et ne pas lui répondre, revenait à refuser de l'aider à guérir.

Si Vivian a pu, à certains moments, se montrer détestable envers ses proches, la faute ne lui revient pas toujours. En outre, elle reste très lucide quant à ses actes, et surtout quant à son besoin d'être soignée. Ensuite, lorsqu'elle parvient à mettre un terme sur sa maladie, et à en comprendre certains aspects, elle ne se cherche jamais d'excuses.

L'ouvrage se termine par une postface du médecin qui a compris et aidé Vivian. Il y explique avec davantage de détails certains aspects du mal de sa patiente. Cette postface est claire, sans jargon. Elle donne une image de ce médecin identique à celle que montre le récit de Vivian.

La version audio que j'ai entendue a été enregistrée par Cassandra Campbell pour les éditions Greenpoint Press.

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lundi, 22 mars 2021

Two truths and a lie, d'Ellen McGarrahan.

Two truths and a lie

L'ouvrage:
Miami. En 1990, Ellen McGarrahan, alors jeune journaliste, assiste à l'exécution de Jesse Tafero, accusé du meurtre de deux policiers. Les dernières paroles de Jesse ont été pour clamer son innocence. Cela impressionne et marque Ellen. Pendant plusieurs années, l'affaire la hante. Et si Jesse était innocent? Elle finit par devenir détective privé, et enquête minutieusement sur ce cas. Elle veut savoir comment se sont réellement passées les choses, ce matin de février 1976 où deux policiers ont été abattus.

Critique:
Ce témoignage m'a plu. Je pense qu'à la place de l'autrice, je serais passée par les mêmes phases. J'aurais d'abord tenté de me débarrasser de l'affaire, de l'oublier. Puis voyant que cela m'était impossible, je me serais jetée dedans à corps perdu.

Au cours de ma lecture, je me suis plusieurs fois demandé comment Ellen McGarrahan pourrait trouver la paix. En effet, comment pourrait-elle finir par acquérir des certitudes, puisque Walter (par exemple) a donné différentes versions de ce qui est arrivé ce matin de février 1976? Pourquoi, au moment où Ellen lui demande de lui dire la vérité, au moment où elle lui parle coeur à coeur, pourquoi la lui dirait-il, alors qu'il a plusieurs fois changé sa version des faits? Heureusement, notre détective ne se base pas uniquement sur les dires de Walter. Son livre nous présente certains individus peu recommandables. Les différents témoignages montrent bien qu'il est impossible de se fier à ce qu'on pense d'une personne. En effet, certains sont persuadés de l'innocence ou de la culpabilité d'untel ou d'untel, mais même s'ils les connaissent bien, ils n'ont rien vu ce matin de février 1976.

Au cours de ma lecture, j'ai eu de la peine pour Ellen, pensant qu'elle ne parviendrait jamais à démêler le vrai du faux dans le dédale des témoignages. Elle a quand même réussi à faire quelque chose qui lui a apporté (et de ce fait au lecteur) certaines réponses. En recoupant les témoignages et en faisant une reconstitution, elle a été en mesure d'écarter des possibilités et d'en privilégier d'autres. Elle ne finit pas par savoir ce qui est arrivé minute par minute, mais elle est sûre de savoir si Jesse a tiré. C'est corroboré par les explications que lui donne Michael J. Sats.

Je ne sais pas quoi penser du témoignage d'Eric. J'imagine qu'il est sincère, c'est-à-dire qu'il a occulté la plupart des choses, et a, inconsciemment, «reconstruit» ce qui est arrivé ce matin de février 1976,. Cependant, jusqu'à quel point a-t-il fait cela? Se souvient-il de davantage que ce qu'il a dit à Ellen?

Ce livre retrace l'opiniâtre travail de recherche d'Ellen, ainsi que les effets que l'affaire a eus sur sa psychologie, sa vie privée, etc. Son besoin d'enquêter m'a un peu effrayée, parce que je sais que je serais tout à fait capable d'être obsédée comme elle le fut par une affaire dans ce genre.

La version audio que j'ai entendue a été enregistrée par Cassandra Campbell pour les éditions Penguin Random House Audio.

Cassandra Campbell fait partie des comédiens dont j'apprécie beaucoup le jeu. Ici, elle n'a pas démérité.

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jeudi, 7 mai 2020

The kid, de Dan Savage.

The kid

L'ouvrage:
Dans ce livre, Dan Savage, journaliste américain, raconte comment se sont passées les choses lorsque son petit ami (Terry) et lui ont décidé d'adopter un enfant.

Critique:
Ayant beaucoup aimé «The commitment», je me suis précipitée sur «The kid» qui raconte un autre tournant de la vie de Dan Savage. Bien sûr, j'aurais préféré lire «The kid» en premier, mais lorsque j'ai lu «The commitment», je ne savais pas que «The kid» existait.

J'ai retrouvé avec joie l'humour du journaliste. Par exemple, lorsqu'il donne les raisons pour lesquelles Terry et lui ont décidé d'adopter un enfant... ;-) J'ai également beaucoup ri lorsqu'il explique qu'il ne parvient pas à écrire aux futures mères biologiques (l'agence par laquelle passent Dan et Terry demande que chaque couple souhaitant adopter adresse une lettre qui aidera celles qui désirent faire adopter leur enfant à choisir un couple) puis se met à écrire une lettre humoristique qui les ferait tout de suite rejeter. Il y a aussi l'anecdote du passé de l'auteur-narrateur , à la fois drôle et un peu inquiétante, racontée avec causticité. J'ai également retrouvé la personnalité truculente de la mère de Dan. Ah, quelle joie d'entendre ses remarques et son bon sens!

J'ai aussi apprécié de lire les démarches de Dan et Terry, de lire des détails sur leur vie quotidienne, ainsi que leur «histoire» avec Melissa. Je n'en dirai rien ici, mais c'est peu banal.

Le couple a choisi une «adoption ouverte» (je traduis littéralement, car je ne sais pas si cela existe en France). L'auteur décrit le principe, et explique comment cela s'est passé pour Terry et lui. J'apprécie beaucoup ce que permet l'adoption ouverte.

Je suis déçue, car il n'y a pas d'autres livres de Dan Savage racontant un autre pan de sa vie. Hé oui, j'aurais aimé savoir «la suite», si je peux le tourner ainsi. Avec «The kid» et «The commitment», je me suis attachée à Dan, Terry, DJ, leur famille, et Melissa. Bien sûr, pour que le journaliste écrive autre chose, il lui faut un sujet. Il ne va pas parler de sa vie quotidienne. Quant à moi, je serais bien contente qu'il le fasse. Entre son fils, son mari, sa mère, etc, je suis sûre que beaucoup d'événements drôles, graves, et tendres valent la peine d'être racontés.

La version audio que j'ai entendue a été enregistrée par Dan Savage pour les éditions Penguin Audiobooks

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dimanche, 1 mars 2020

Shantaram, de Gregory David Roberts.

Shantaram

L'ouvrage:
Un homme s'évade d'une prison australienne. Il se rend à Bombay où il espère que ceux qui le cherchent ne le trouveront pas. Il se fait rapidement un ami, Prabaker, qui décide de l'appeler par le diminutif du nom sous lequel il se présente: Lin. Lin fera des rencontres, et vivra des événements éprouvants.

Critique:
J'ai tenté ce livre il y a plusieurs années. Le premier chapitre étant très descriptif (en tout cas, de mon point de vue), j'ai renoncé. Récemment, une amie m'a dit qu'elle l'avait lu et beaucoup aimé. Et puis il est apparu dans les sorties Audiolib.. J'ai pensé que je devais le retenter, d'autant qu'il est enregistré par un comédien très talentueux. Je suis contente d'avoir donné une seconde chance à ce livre, car il m'a beaucoup plu.

Le narrateur décrit, avec justesse et précision, les multiples facettes de la ville de Bombay. Ce qu'il y vit le poussera à des introspections, et il ne niera jamais sa responsabilité dans tel ou tel événement. Il mettra du temps à expliquer pourquoi il a été emprisonné en Australie, en parlant par petites touches...
Parfois, Lin explique qu'il comprend que dans telle situation, ses actes n'étaient pas totalement désintéressés, qu'il se rendait compte qu'entrait une part de présomption dans ce qu'il faisait. Lorsqu'il expose ses sentiments et ses raisons d'agir, il décide de ne rien cacher au lecteur. Il vit un tourbillon d'aventures et d'émotions, dont il reconnaît (sans le tourner ainsi) que certains le rendront humble. Par exemple, il est d'abord rebuté à l'idée d'habiter dans le bidonville de Prabaker, à l'idée que Karla (la mystérieuse femme dont il est tombé amoureux) sache qu'il y vit), puis il se rend vite compte qu'il apprécie beaucoup l'ambiance de l'endroit, la sympathie des gens, etc. C'est d'ailleurs dans le bidonville que se déroule une chose extrêmement marquante qu'à mon avis, on devrait mettre en pratique pour toute personne frappant son conjoint ou sa conjointe. Outre cet épisode, la vie dans le bidonville apporte des leçons de sagesse à Lin et au lecteur aussi.

Si j'ai bien compris, ce livre est basé sur l'histoire de l'auteur. Je ne sais pas quelle est la part de vérité et ce qui a été romancé, mais en tout cas, cela se lit comme un roman. Il n'y a pas de temps morts, malgré l'épaisseur de l'ouvrage. Bien sûr, le lecteur s'attachera à certains personnages, et en dépréciera d'autres. Par exemple, au tout début, je n'ai pas aimé Lisa. À sa décharge, la première fois qu'on la voit, elle est en mauvaise posture, et a très peur. À mesure du récit, elle évolue, et se révèle posée. Je ne peux pas trop parler des autres, car je ne veux pas dire ce que le livre nous apprend sur celui-ci ou celui-là. Je peux seulement dire qu'il en est certains que je n'ai pas aimés dès le départ, et sur lesquels je ne me suis pas trompée. Quant à ceux qui m'ont plu dès le début, je n'ai pas de mérite à les avoir bien cernés, car n'importe quel lecteur devinera rapidement qu'ils ne recèlent aucun artifice. Quant au narrateur, je me demande comment il a supporté tant de souffrance morale et physique... Je ne peux pas en dire davantage pour ne pas trop en dévoiler. C'est un peu la même chose concernant beaucoup d'événements du livre: je ne veux pas trop en dire...

Il semblerait que l'auteur ait écrit la suite de ses tribulations. Je ne sais pas si cette suite a été traduite, mais si c'est le cas, j'espère qu'elle sortira en audio.

Service presse des éditions Audiolib.
La version audio que j'ai entendue a été enregistrée par Damien Witecka.

Ce n'est que le deuxième ouvrage enregistré par ce comédien que je lis. Son interprétation m'a confortée quant à ce que je pensais de son jeu après ma lecture de «La fenêtre panoramique». Dans «Shantaram», Damien Witecka n'avait pas la partie facile. Plusieurs scènes sont pleines de très fortes émotions, il a décidé (sûrement en accord avec l'éditeur audio) de donner un accent à certains personnages. Ces cas de figure sont deux cas où beaucoup surjouent, ce que Damien Witecka n'a pas fait. Il a parfaitement joué les émotions (certains personnages pleurent ou sont dans un état psychologique déplorable), et n'a jamais exagéré les accents. C'est la même chose lorsqu'il joue la verve et la bonne humeur de Prabaker: son interprétation est sans failles! Il a brillamment relevé le défi que constituait cet énorme livre aux multiples personnages et émotions. Je ne me mêle pas des prix du livre audio parce que je serais obligée, si j'y participais, de lire des ouvrages qui ne m'intéressent pas, mais j'estime que Damien Witecka mérite une récompense pour sa lecture de «Shantaram».

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